La police a lancé samedi un ultimatum aux centaines de narco-trafiquants retranchés dans les favelas du Complexo do Alemao, dans le nord de Rio, pour qu'ils se rendent, au septième jour de la guerre contre les trafiquants qui a fait au moins 35 morts. Un échange de tirs nourris a eu lieu samedi en fin d'après-midi à l'entrée de l'une des favelas.

La fusillade a commencé quand les trafiquants de drogue ont commencé à tirer sur un hélicoptère de la police civile qui survolait la zone. Les policiers ont immédiatement riposté et la fusillade se poursuivait en fin d'après-midi.

«Nous donnons du temps à ces personnes pour qu'elle se rendent», a dit le colonel Lima Castro à la chaïne de télévision Globo News. «Qu'ils mettent les bras sur la tête et les mains en l'air, nous les arrêterons et les jugerons», a-t-il ajouté, déterminé à pénétrer dans le Complexo.

«Ils n'ont aucune chance face à nos hommes et à notre armement», a souligné le porte-parole de la police militaire.

Plusieurs centaines de policiers et parachutistes fortement armés, appuyés par des blindés, contrôlaient samedi matin tous les accès au Complexo de Alemao, un ensemble de quinze favelas où vivent 400 000 personnes.

Les négociations avec les trafiquants sont menées par l'ONG carioca Afroreggae, a indiqué à la presse José Junior, le directeur de cette organisation.

Les forces de l'ordre contrôlaient strictement samedi matin la quarantaine d'accès menant à ce quartier. «Les voitures et les passants sont fouillés s'ils entrent ou sortent du Complexo», a rapporté un journaliste de l'AFP.

La situation était calme dans la matinée après une nuit marquée par des échanges de tirs sporadiques. La chaîne de télévision Globo a montré des tirs à balles traçantes striant la nuit.

Plus de 200 trafiquants de drogue armés se sont réfugiés au Complexo do Aleman après avoir été délogés jeudi de la favela voisine Vila Cruzeiro lors d'une offensive éclair de la police militaire appuyée par des blindés de la Marine.

Aujourd'hui, il y aurait plus de 500 «bandits» armés retranchés dans ce réduit, selon la presse.

Depuis le début dimanche soir des affrontements armés et des violences à Rio, au moins 35 personnes ont été tuées et 196 trafiquants arrêtés. Plus d'une centaine de voitures et autobus ont également été incendiés.

Après des années d'indifférence, le gouvernement de l'État soutenu par le président Luiz Inacio Lula da Silva a décidé de riposter aux actes de «terreur» des trafiquants. Ils ont déployé des moyens jamais vus à Rio pour restaurer la sécurité: 800 parachutistes ayant fait leurs armes en Haïti, des centaines de policiers fédéraux, une dizaine de transports de troupes blindés et des hélicoptères ont été envoyés en renfort de la police militaire locale.

L'insécurité endémique de la ville est un des principaux handicaps de la «Cidade maravilhosa» (ville merveilleuse) qui accueille le Mondial de football Rio de 2014 et les Jeux olympiques de 2016.

Une opération militaire dans le Complexo do Alemao est toutefois périlleuse en dépit de la supériorité des forces de l'ordre, appuyés par des transports de troupes blindés et des hélicoptères.

Les experts soulignent la complexité d'une opération dans cet ensemble de quinze favelas densément peuplées, aux rues escarpées et étroites.

Ces favelas sont dominées par le Comando Vermelho (CV), un des plus anciens et puissants gangs de narco-trafiquants dirigé par Marcio Nepomuceno, connu comme Marcinho VP. Celui-ci est accusé par la police d'être, depuis la prison où il est incarcéré, le donneur d'ordres de la vague de violences à Rio.

Le trafiquant a été transféré dans un établissement pénitentiaire de sécurité maximum dans l'État amazonien de Rondonia (nord). Son épouse et deux de ses avocats, accusés d'avoir transmis les ordres, ont été arrêtés.