Vingt-et-une personnes ont été tuées et 153 arrêtées en quatre jours de violences entre trafiquants de drogue et policiers, a annoncé mercredi soir le porte-parole de la police dans une conférence de presse.

Dans la seule journée de mercredi, treize trafiquants de drogue présumés ont été tués dans des opérations policières réalisées dans une trentaine de favelas de la ville et de sa banlieue par plus de mille hommes. Vingt-cinq personnes ont été arrêtées et des armes et de la drogue saisies, a précisé le colonel Lima Castro, de la police militaire.

Un précédent bilan faisait état de douze morts.

Aujourd'hui, 17 500 hommes sont en état d'alerte, a indiqué le porte-parole.

«Demain (jeudi) nous continuerons nos opérations, nous ferons des patrouilles et des contrôles dans les rues. Elle seront plus offensives», a-t-il dit.

Selon le nouveau bilan présenté mercredi soir par le colonel Castro, depuis dimanche soir, début des attaques des narcotrafiquants, 29 véhicules dont cinq bus, ont été incendiés et trois postes de police mitraillés.

Cette escalade de violences déclenchées lundi à l'aube jette une nouvelle fois un doute sur la capacité de Rio d'organiser en toute sécurité les deux principaux événements sportifs de la planète, le Mondial de football en 2014 et les Jeux olympiques en 2016.

Dans la seule nuit de mardi à mercredi, dix-huit véhicules dont cinq autobus et un minibus ont été incendiés et un poste de police mitraillé. Des images d'autobus en flammes dans divers quartiers de la ville passaient en boucle à la télévision.

Les attaques de la nuit, qualifiées de scènes de «guérilla» par la presse, ont eu lieu sur de grands axes routiers, tels que la «Linha vermelha» qui conduit à l'aéroport international, semant la panique dans divers quartiers de la ville de plus de six millions d'habitants.

Le gouverneur de Rio, Sergio Cabral a lancé «un appel au calme» à la population.

«Ces actions ne sont pas une menace mais un acte désespéré des criminels», a dit le gouverneur à la radio CBN.

Dans la plupart des cas les assaillants interceptent le véhicule, font descendre les passagers, l'arrosent d'essence et y mettent le feu. Dans les quartiers sensibles de la banlieue nord et ouest, de nombreux écoliers ont préféré rester chez eux.

Selon les autorités, ces violences sont une riposte à la création il y a deux ans des Unités de police pacificatrice dites UPP qui visent à rétablir la paix et les services de l'État dans les quartiers pauvres contrôlés par les trafiquants.

Le but des narcos est de «terroriser» la population et d'intimider le gouvernement local, affirment les experts en violence.

Le secrétaire à la Sécurité de l'État, José Mariano Beltrame, a déclaré que d'après les services de renseignement, deux grandes factions rivales de narcotrafiquants ont fait une trêve pour s'unir et tenter de déstabiliser les UPP qui les a chassé des favelas.

Il s'agirait du Comando vermelho et de l'ADA («amis des amis») qui dominent les deux plus grandes favelas de Rio, celles de la Rocinha (sud) et du Complexo do Alemao (nord).

M. Beltrame avait prévenu merdi soir qu'il «durcirait» la répression si les violences continuaient.

«Les perdants seront ceux qui parient sur la destabilisation. C'est ce que les bandits essayent de faire avec ces attaques (...) Si les violences continuent nous doublerons les effectifs de police», a-t-il affirmé.

À ce jour, treize favelas, situées essentiellement dans les zones résidentielles, ont été pacifiées et plus de 200 000 habitants se sont affranchis de l'ordre imposé par les trafiquants.

À Rio, près de deux millions d'habitants (soit un tiers de la population intra-muros de la ville) vivent dans plus de mille favelas. D'ici à 2014, cent d'entre elles seront pacifiées.