Appuyée par des blindés et des hélicoptères, la police de Rio a lancé mardi une vaste offensive contre les narcotrafiquants après une série d'attaques armées dans la ville que la presse a qualifiées de «guérilla».

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a assuré mardi qu'il ferait «tout ce qui est nécessaire pour que les personnes de bien l'emportent sur les marginaux».

À la demande du gouverneur de Rio, Sergio Cabral, Lula «renforcera les effectifs de la police routière fédérale».

Selon des sources policières citées par le site Internet d'information Globo on line, la police recherche un camion chargé d'explosifs que des trafiquants auraient l'intention d'utiliser dans des attaques contre des autorités et monuments de la ville.

Mardi, tous les policiers militaires ont été mobilisés dans la rue, a annoncé le colonel Lima Castro. En fin de journée, vingt favelas avaient été occupées par plusieurs centaines de policiers, deux présumés trafiquants tués, deux autres arrêtés et plusieurs armes et munitions ainsi que de la drogue saisies.

Au cours des dernières 48 heures, les narcos ont réalisé plus d'une dizaine d'attaques, incendié des voitures et mitraillé deux postes de police.

Ces actions n'ont pas fait de victimes mais ont semé la terreur dans plusieurs quartiers de la ville et de sa banlieue. La plus osée a eu lieu à proximité du Palacio Guanabara, le siège du gouvernement de l'État situé à Laranjeiras (zone sud et aisée).

«C'est une tentative d'intimidation. Mais nous n'allons pas reculer et nous continuerons à reconquérir les territoires (dominés par les trafiquants) et à ramener la paix dans les favelas», a affirmé lundi soir le gouverneur de Rio Sergio Cabral.

C'est la première fois en deux ans, depuis la création des Unités de police pacificatrice dites UPP, que les trafiquants organisent une riposte à ce programme qui vise à rétablir la paix et les services de l'État dans les quartiers pauvres.

«Leur but (aux narcos) est de terroriser la population. Outre la perte de leurs territoires repris par l'État, les trafiquants perdent de l'espace au bénéfice des milices», des groupes paramilitaires qui prennent la place des trafiquants, a affirmé le sociologue Claudio Beato au quotidien O Globo.

Elu en janvier 2007, le gouverneur Cabral avait annoncé une lutte «sans trêve» contre les trafiquants pour «rétablir l'État de droit» dans les favelas avec la formation d'une police communautaire.

À ce jour, 13 favelas, situées essentiellement dans les zones résidentielles, ont été pacifiées et plus de 200 000 habitants se sont affranchis de l'ordre imposé par les trafiquants.

À Rio, près de deux millions d'habitants (soit un tiers de la population intra-muros de la ville) vivent dans plus de mille favelas et d'ici au Mondial de soccer de 2014, les autorités veulent pacifier une centaine des plus violentes.

Le secrétaire à la sécurité de l'État José Mariano Beltrame a promis que 7000 policiers seront embauchés d'ici au début de l'année prochaine.

Contrairement à la presse évoquant une union des factions, il a minimisé les attaques des narcotrafiquants, les attribuant à «un petit groupe d'une faction criminelle».