Fidel Castro s'est déclaré satisfait de la marche de Cuba sous la présidence de son frère Raul et a confié qu'il était «peut-être resté trop longtemps» au pouvoir, lors d'une rencontre avec des étudiants diffusée jeudi à la télévision nationale.

Appelé par un étudiant à commenter --en tant que Premier secrétaire du Parti communiste-- l'«actualisation» en cours du modèle socio-économique cubain prônée par son successeur Raul, Fidel Castro, 84 ans, a tenu à «clarifier» qu'il «ne parlait pas» en qualité de premier secrétaire.

«Je suis tombé malade et j'ai fait ce que je devais faire: j'ai délégué mes attributions. Je ne peux faire une chose pour laquelle je ne suis pas en état de consacrer tout mon temps. Moi-même je ne savais pas si j'allais m'en sortir», a-t-il dit en référence à la grave maladie qui l'a contraint de céder la présidence en juillet 2006 à son frère Raul, après 47 ans de pouvoir.

Fidel Castro, qui reste formellement le premier secrétaire du PC même s'il n'a plus participé à aucune séance officielle depuis sa maladie, a toutefois assuré «être content parce que le pays fonctionne, malgré tous les défis».

«Je ne suis qu'un soldat des idées, comme je l'ai déjà écrit. Je suis satisfait et je n'ai pas hésité un instant à renoncer à mes charges... Peut-être ai-je été trop longtemps (au pouvoir), mais je ne veux pas me lancer dans une autocritique car, en définitive, c'est ce que veulent les médias de masse», a dit Fidel Castro, qui se consacre depuis 2007 à l'écriture de billets sur l'actualité internationale dans la presse locale et sur internet.

Le président Raul Castro, 79 ans, deuxième secrétaire du PC, a convoqué pour la mi-2011 une conférence nationale du Parti qui doit discuter de son organisation interne et pourrait en principe se prononcer sur un éventuel changement de sa direction.

La télévision cubaine avait diffusé mercredi la première partie de cette rencontre avec quelques dizaines d'étudiants, au cours de laquelle Fidel Castro, dont la dernière intervention publique remontait au 28 septembre, a lu des extraits d'un discours prononcé le 17 novembre 2005 et contenant le principe des réformes socio-économiques prônées actuellement par son frère.

Dans le cadre d'une politique d'austérité, Raul Castro a lancé en octobre une grande réforme du travail prévoyant d'ici la fin du premier trimestre 2011 de supprimer 500 000 postes du secteur public, soit 10% de la population active, et de stimuler l'entreprise privée.

Cette politique devrait être entérinée lors du VIe Congrès du Parti communiste, prévu en avril. Il s'agira du premier Congrès depuis 1997 et sans Fidel Castro au pouvoir.

Très discret sur la scène médiatique depuis sa maladie, Fidel Castro était sorti de sa réserve pour multiplier entre juillet et septembre les apparitions publiques afin de mettre en garde contre le danger d'une guerre nucléaire entre les États-Unis, leur allié israélien et l'Iran.

Il n'avait alors jamais évoqué la situation sur l'île, en proie à de très graves difficultés socio-économiques.

En août dernier, lors d'une interview avec des journalistes vénézuéliens, il s'était posé en conseiller du gouvernement de son frère. «Ma tâche (...) est de dire les choses et les événements pour que chacun décide», avait-il alors dit sans plus de précisions.