Le choléra a apporté son nouveau lot de morts et de malades jeudi en Haïti, avec un bilan atteignant désormais 724 décès et 11 000 hospitalisations, tandis que l'épidémie confirmait sa présence à Port-au-Prince, tant redoutée par les autorités sanitaires.

Le nouveau bilan communiqué jeudi par le ministère haïtien de la Santé a confirmé la tendance des derniers jours, avec 81 morts de plus dans le pays. La veille, les autorités avaient recensé 60 décès supplémentaires en 24 heures.

À l'échelle du pays, le plus pauvre du continent américain, le nombre d'hospitalisations a grossi d'environ un millier par rapport à mercredi.

Selon des statistiques publiées sur le site du ministère de la Santé, 497 décès, soit plus des deux tiers du total des morts recensées, se sont produits dans le département de l'Artibonite (nord), principal foyer de l'épidémie.

Le Dr Claude Suréna, président de l'Association médicale haïtienne, a noté «une petite flambée» dans certaines parties de la région de l'Artibonite, où l'épidémie s'était déclarée mi-octobre, mais un ralentissement des décès et des hospitalisations dans d'autres localités de la région «grâce à une bonne prise en charge et une grosse sensibilisation».

C'est pourtant sans doute à Port-au-Prince, la capitale surpeuplée où plus d'un million d'habitants vivent dans des conditions sanitaires précaires depuis le séisme du 12 janvier, que la situation est potentiellement la plus inquiétante.

Le bilan du choléra dans la capitale, qui était toujours d'un mort mercredi, est monté à quatre jeudi. Les organisations humanitaires ont aussi observé beaucoup d'autres cas pouvant sans grand doute être attribués à l'épidémie.

«On craint vraiment une flambée qui serait assez importante vu les conditions dans les camps», a déclaré à l'AFP le Dr Suréna.

La semaine dernière l'ouragan Tomas a fait au moins 21 morts en Haïti et provoqué d'importantes inondations et dégâts. Les autorités redoutaient une augmentation des infections, les précipitations ayant entraîné une augmentation du volume d'eau polluée, un des principaux vecteurs de la maladie.

«Imaginez toutes les communes rurales dans lesquelles il n'y a pas de médecins... pas d'infirmières... et où les gens sont en train de mourir», a indiqué jeudi le Dr David Walton de Boston, qui a exercé pendant 13 ans la médecine en Haïti.

Le choléra «est là et le taux d'infection est bien plus élevé. Nous ne le savons tout simplement pas», a-t-il ajouté sur la chaîne américaine CBS.

«Nous avons reçu de nombreux malades ces derniers jours à l'hôpital public de la capitale, si cela continue à ce rythme nous allons être débordés très vite», avait confié mercredi à l'AFP le Dr Yves Lambert, chef des maladies infectieuses de l'hôpital.

À Cité Soleil, le plus grand bidonville de Port-au-Prince où vivent 300 000 personnes, «on parvient à gérer la situation», a déclaré à l'AFP Bruno Poppe, de MSF France.

Dans d'autres zones de la capitale, MSF et d'autres ONG prennent aussi en charge les malades qui arrivent par dizaines tous les jours, tout comme ils affluent à l'hôpital universitaire de la capitale.

Un séisme de faible magnitude a été ressenti jeudi matin en Haïti, ont indiqué des habitants, faisant état de blessés légers dans une école proche de Port-au-Prince en raison de la panique qui a suivi.