Une mutinerie de trente heures dans une prison de haute sécurité de l'État brésilien de Maranhao s'est soldée mardi par la mort de dix-huit détenus au cours de rixes, ont annoncé à l'AFP les autorités locales.

Tous les prisonniers ont trouvé la mort au cours de bagarres entre bandes, a déclaré à l'AFP le secrétaire à la sécurité de l'État du Maranhao, Aluisio Guimaraes qui a déploré «une tuerie inutile». Cinq gardiens qui avaient été pris en otage ont été libérés sains et saufs.

Les rébellions sont fréquentes dans les prisons brésiliennes surpeuplées où les organisations criminelles font souvent la loi.

La prison de Sao Luis est un établissement de haute sécurité où sont détenus 320 prisonniers, parmi les plus dangereux de l'État du Maranhao, a précisé Guimaraes. Elle fait partie du complexe pénitentiaire de Pedrinhas qui abrite 4000 prisonniers pour deux mille places, selon le site du secrétariat à la sécurité.

«La police militaire a repris le contrôle de la prison et le calme est revenu», a assuré le responsable de la sécurité de l'État.

La mutinerie a débuté lundi matin durant une inspection: des prisonniers ont réussi à maîtriser un gardien et l'ont blessé par balles avant de le relâcher pour qu'il soit hospitalisé. Mardi, il était «hors de danger», selon le secrétaire à la sécurité.

Selon les médias locaux, les détenus se plaignaient de surpopulation, de mauvais traitements et exigeaient que leurs procès soient accélérés.

Toutefois, Aluisio Guimaraes a assuré que ni le surpeuplement de la prison Sao Luis ni des mauvais traitements n'étaient à l'origine de la mutinerie. «Au cours des négociations, les détenus ont demandé la démission du directeur. Ils ont aussi exigé que les visites intimes aient lieu dans les cellules, ce qui est impossible».

Des tirs ont eu lieu mardi à l'aube au cours desquels six détenus ont trouvé la mort. Trois autres ont été tués dans la matinée, selon les autorités.

À la reprise des négociations mardi matin, deux gardiens ont été libérés par les détenus, puis les trois derniers peu avant la fin de la rébellion. un pasteur évangélique de Rio, connu pour son travail auprès des prisonniers, Marcos Pereira, a participé aux négociations.

Les troupes d'élite du gouvernement fédéral, venues en renfort, n'ont pas eu besoin d'intervenir, a précisé le secrétaire.

Selon lui, la rixe a opposé des détenus de Sao Luis do Maranhao, la capitale de cet État pauvre du nord-est, à ceux de l'intérieur de l'État.

Ce sont habituellement le surpeuplement et le manque de gardiens qui sont à l'origine de la violence dans les prisons brésiliennes.

Les gangs prospèrent d'autant mieux qu'ils parviennent à organiser la vie dans les prisons souvent délabrées et insalubres et dont les administrations, dépourvues de moyens, sont largement gangrenées par la corruption.