Des manifestants qui blâment les casques bleus népalais pour l'épidémie de choléra en Haïti ont marché, vendredi, vers leur base pour demander que les soldats quittent le pays.

Des manifestants portant des branches d'arbre et des pancartes anti-ONU ont marché de la ville de Mirebalais, dans le plateau central, jusqu'aux barrières de la base des casques bleus située à plusieurs kilomètres de là, en amont de la rivière Artibonite, un cours d'eau identifié par les autorités comme un vecteur de l'infection.

Les protestataires ont scandé des slogans réclamant le départ des casques bleus népalais. Les soldats népalais et les autres casques bleus de la base sont restés à l'intérieur.

Vendredi matin, l'épidémie de choléra avait fait au moins 330 morts et conduit à l'hospitalisation de plus de 4700 personnes, selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA).

Les experts ne sont pas encore parvenus à identifier l'origine de l'épidémie, mais plusieurs estiment que la maladie est probablement venue d'ailleurs. Jusqu'à ce mois-ci, aucun cas de choléra n'avait été diagnostiqué en Haïti depuis le milieu du 20e siècle, a indiqué Claire-Lise Chaignant, chef du groupe de travail chargé du contrôle du choléra à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Les spéculations des Haïtiens se dirigent de plus en plus vers la base des casques bleus népalais près de Mirebalais, des hypothèses alimentées par des politiciens, dont le maire de la ville et candidat au Sénat, à l'approche des élections nationales du 28 novembre.

La maladie est répandue dans certaines régions d'Afrique et d'Asie. Elle est endémique au Népal, qui a connu de nouvelles éclosions l'été dernier. Le contingent népalais est arrivé en Haïti à partir du 9 octobre, peu après les éclosions au Népal et peu avant l'éclosion en Haïti. Les cas rapportés en Haïti sont concentrés le long de la rivière Artibonite.

La Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) mène une enquête autour de la base pour détecter tout signe de choléra, a appris l'Associated Press après être tombée sur les enquêteurs lors d'une visite impromptue à la base mercredi.

Aucun soldat népalais de la base n'a été testé pour le choléra parce qu'aucun d'entre eux ne présentait de symptôme, a affirmé vendredi le porte-parole de la MINUSTAH, Vincenzo Pugliese. Il a indiqué que les reportages de certains médias affirmant que tous les soldats népalais avaient été testés étaient erronés.

Puisqu'aucun des soldats de la base ne présentait de symptômes, il n'était pas nécessaire de mener des tests, a dit M. Pugliese à l'Associated Press. «Ce n'est pas la même chose que de dire qu'ils ont tous été testés «négatif», parce qu'aucun d'entre eux n'avait besoin d'être testé», a-t-il dit.

Les casques bleus népalais n'ont pas été testés depuis l'éclosion de l'épidémie en Haïti, a ajouté M. Pugliese.

Environ 75% des personnes infectées par le choléra ne présentent pas de symptômes et peuvent répandre l'infection dans l'environnement et contaminer d'autres personnes pendant deux semaines, a indiqué le directeur adjoint de l'Organisation panaméricaine de la santé, John Andrus, lors d'une conférence de presse lundi dernier.

La MINUSTAH avait initialement répondu aux rumeurs dans un communiqué diffusé mardi, affirmant que les mesures sanitaires autour de la base étaient conformes aux normes établies par l'Agence américaine de protection environnementale et les Nations unies.

Mais quand des journalistes de l'Associated Press se sont rendus à la base mercredi, ils ont vu des tuyaux ouverts et fendus à l'arrière du bâtiment, où des enquêteurs de l'ONU récoltaient des échantillons. Les journalistes ont senti une forte odeur d'excréments et ont vu qu'un tuyau sortant d'une fosse septique déversait un liquide noir malodorant en direction de la rivière.

Les eaux usées de la base sont déversées dans des décharges à ciel ouvert situés de l'autre côté de la rue. Des résidants qui vivent à quelques mètres de là affirment que les décharges débordent souvent dans un affluent de la rivière Artibonite situé plus bas. L'entreprise responsable des décharges, Sanco Enterprises SA, précise qu'elles sont vaporisées avec de l'eau de javel.

Des scientifiques des Centres de prévention et de contrôle des maladies des États-Unis (CDC) procèdent à de nouveaux tests d'échantillons pour identifier la souche moléculaire du choléra présent en Haïti, ce qui pourrait aider à déterminer son origine. Les résultats seront communiqués au ministère haïtien de la Santé au cours du week-end, a indiqué le porte-parole des CDC, Tom Skinner.