La «guerre des cartels» de la drogue bat des records de violence au Mexique, où une troisième tuerie en moins d'une semaine a fait 15 morts mercredi dans une station de lavage d'automobiles.

Au total, une centaine de personnes sont mortes dans tout le pays depuis la fin de la semaine dernière. Et depuis l'arrivée au pouvoir du président Felipe Calderon, fin 2006, les règlements de comptes entre trafiquants et leurs affrontements avec les forces de l'ordre ont fait 28 000 morts.

M. Calderon a néanmoins réaffirmé mercredi la résolution de son gouvernement à combattre le «crime organisé», contre lequel il a lancé 50 000 militaires en renfort de la police, sans parvenir à enrayer les violences.

La plupart des dernières victimes ont été abattues dans le nord, à la frontière avec les États-Unis, où les cartels s'entretuent pour le contrôle du territoire local et du trafic vers le marché américain, premier client mondial de la cocaïne.

Mais le massacre de 15 jeunes par des inconnus mercredi matin dans une station de lavage de voitures a eu lieu à Tepic, la capitale de l'État de Nayarit, près de la côte ouest, sur le Pacifique.

Ils travaillaient là dans une optique de réinsertion sociale en marge de leur thérapie dans un centre pour toxicomanes, des lieux souvent pris pour cibles par les trafiquants.

Dimanche soir, à Tijuana, à la frontière avec la Californie, des tueurs avaient ainsi aligné 13 pensionnaires d'un centre de désintoxication avant de les exécuter.

Les autorités ignorent s'il s'agit d'un règlement de comptes entre petits revendeurs ou de représailles d'un grand cartel, mais on évoque celui «de Sinaloa», considéré comme le plus puissant du pays et dirigé par Joaquin «Chapo» (le petit) Guzman, évadé d'un pénitencier mexicain en 2001.

Il exercerait des représailles après la saisie de 135 tonnes de marijuana le 18 octobre à Tijuana, la plus importante dans les annales au Mexique.

À Ciudad Juarez, samedi, des tueurs avaient par ailleurs ouvert le feu à l'aveuglette dans une fête familiale, faisant 14 morts et 20 blessés.

Cette ville de 1,3 million d'habitants, située face à El Paso au Texas, est le théâtre d'une lutte acharnée entre le vieux cartel local, dit «de Juarez», et celui «de Sinaloa», venu lui disputer le territoire.

La «guerre des cartels» fait aussi des ravages à l'autre bout du pays à Acapulco, célèbre station balnéaire sur le Pacifique, où une trentaine de morts ont été retrouvés depuis jeudi dernier, en général pieds et poings liés, au bord d'une route.

Loin de la plage, des grands hôtels et des boîtes de nuit, cartels et factions de cartels se livrent à un «nettoyage» en règle, selon un spécialiste de la sécurité, qui a requis l'anonymat.

«Jusqu'alors, le contrôle de la place était un enjeu entre le cartel dit des «frères Beltran Leyva» et celui de «La Familia», un nouveau venu parmi les grands», explique-t-il.

«S'y ajoute maintenant une guerre de succession chez les «frères», depuis la mort de leur chef Arturo Beltran Leyva et l'arrestation de «la Barbie», son ex-lieutenant, jusqu'alors très présent à Acapulco et dont les partisans locaux, affaiblis, sont désormais un gibier pour leurs rivaux», précise-t-il.

Des fusillades ont éclaté jusqu'au front de mer, et des balles perdues ont tué des passants devant les hôtels de luxe, de plus en plus délaissés par des touristes effrayés.