L'Assemblée générale de l'ONU a de nouveau exhorté mardi les États-Unis à lever l'embargo économique qu'ils imposent à Cuba depuis 50 ans, resté en vigueur après l'arrivée au pouvoir du président Barack Obama, malgré sa volonté d'ouverture en direction de ce pays.

Le vote de la résolution a réuni 187 voix pour et deux voix contre, celles des États-Unis et d'Israël. Trois pays se sont abstenus: Palau, les îles Marshall et la Micronésie.

L'organe plénier des Nations unies, où siègent les 192 États membres, a adopté une résolution en ce sens pour la 19e fois depuis 1992, à l'issue d'un débat devenu rituel.

Le texte s'intitule «Nécessité de lever le blocus économique, commercial et financier imposé à Cuba par les États-Unis d'Amérique».

Les résolutions de l'Assemblée générale n'ont pas d'effet contraignant mais reflètent l'opinion internationale.

L'embargo américain contre Cuba est condamné par une majorité toujours plus large de pays: lors de sa première introduction en 1992, cette résolution n'avait recueilli que 59 voix. Elle en avait obtenu 179 en 2004, 183 en 2006. 187 pays s'étaient exprimés pour en 2009, mais il y avait eu trois voix contre.

Un embargo économique partiel contre Cuba avait été imposé par les États-Unis en 1960, puis étendu en 1962 après l'échec de l'invasion de l'île pour tenter de renverser le régime de Fidel Castro - l'épisode de la baie des Cochons. Il a ensuite été renforcé plusieurs fois, notamment par la loi Helms-Burton de 1996 et des restrictions aux voyages des citoyens américains à Cuba.

Depuis son arrivée à la Maison-Blanche en janvier 2009, Barack Obama a engagé une politique de dégel en direction de Cuba. Il a mis fin aux restrictions aux voyages des Cubano-américains sur l'île ainsi qu'à leurs envois d'argent à leur famille restée sur place.

Mais il a déclaré attendre des gestes de la part des autorités cubaines sur les droits de l'homme avant d'aller plus loin.

Le ministre cubain des Affaires étrangères, Bruno Rodriguez Parrilla, a souligné qu'il y avait «un large consensus croissant à l'intérieur de la société des États-Unis et de l'émigration cubaine dans ce pays contre l'embargo et en faveur d'un changement de politique à l'égard de Cuba».

«Selon des sondages récents, 71% des citoyens américains sont en faveur d'une normalisation des relations entre Cuba et les États-Unis», a-t-il dit.

Un représentant américain à l'ONU, Ronald Godard, a quant à lui souligné que l'embargo américain n'avait pas empêché les États-Unis d'exporter de grandes quantités de produits de première nécessité vers Cuba.

Les exportations de produits agricoles, d'équipements médicaux, de médicaments et de bois ont totalisé 533 millions de dollars en 2009, a-t-il dit. Malgré l'embargo, les États-Unis sont le cinquième plus grand partenaire commercial de Cuba, a-t-il indiqué.

Les États-Unis, a-t-il encore souligné, attendent «une ouverture plus large du gouvernement cubain pour signaler sa volonté de s'engager de façon constructive à l'égard de son propre peuple».

«L'opinion des États-Unis est qu'une nouvelle ère dans les relations américano-cubaines ne pourra pas débuter avant que le peuple cubain ne bénéficie des libertés politiques et économiques reconnues internationalement», a dit le représentant américain.