Après la douche froide du premier tour, la dauphine du président Lula, Dilma Rousseff, a repris un net avantage sur le social-démocrate José Serra dans la course à la présidence qui se terminera dimanche.

À une semaine du second tour, Dilma Rousseff, ex-numéro deux du gouvernement de Luiz Inacio Lula da Silva, a porté son avance sur son rival à dix points, selon les derniers sondages, et pourrait devenir la première femme à diriger le Brésil.

Environ 136 millions de Brésiliens sont appelés le 31 octobre aux urnes pour désigner le successeur de Lula, qui ne peut briguer un troisième mandat consécutif après huit ans de pouvoir.

Dilma, comme l'appellent les Brésiliens, 62 ans, ex-guérillera emprisonnée pendant près de trois ans et torturée sous la dictature militaire (1964-1985) était une technocrate quasi-inconnue avant d'être choisie par Lula pour lui succéder.

Son adversaire est un homme politique chevronné âgé de 68 ans, ancien gouverneur de l'État de Sao Paulo, le plus peuplé et le plus riche du Brésil, surtout connu des Brésiliens pour son combat en tant que ministre de la Santé en faveur des médicaments génériques et contre le sida.

Après une campagne «sale», disent les médias brésiliens, ponctuée de coups bas, de rumeurs sur Internet et d'accusations croisées de corruption, Dilma a réussi à stopper l'hémorragie de votes qui lui ont coûté la victoire au premier tour, le 3 octobre.

Contrairement aux espoirs de son camp, Dilma avait été contrainte à un second tour en dépit de la campagne active de Lula qui jouit d'une énorme popularité, de 82%, pour avoir hissé le Brésil parmi les premières économies du monde et avoir réduit la misère dans ce pays-continent.

Elle avait obtenu 46,8% des voix contre 32,6% à Serra, la principale surprise ayant été le score - que les sondages n'avaient pas prévu - de 19,3% de la candidate écologiste, Marina Silva, une fervente évangéliste.

Celle-ci a capté aussi bien les électeurs à la recherche d'une troisième voie que les chrétiens opposés à la légalisation de l'avortement ou au mariage gai.

Cible de l'Église catholique et des évangélistes ses prises de position en faveur de la légalisation de l'avortement, Dilma a fait marche arrière et s'est engagée à ne pas modifier la loi.

Dans la dernière ligne droite de la campagne, qui s'achève vendredi soir avec un ultime débat télévisé, les deux candidats concentraient leurs efforts sur les 56 millions d'électeurs des trois États les plus peuplés, ceux de Sao Paulo, Minas Gerais et Rio de Janeiro.

Lundi, Dilma et José Serra se trouvaient à Sao Paulo après s'être déjà croisés dimanche à Rio.

Leur objectif est de conquérir le vote des 6% d'indécis et des 10% d'électeurs qui disent pouvoir changer d'avis.

Dilma Rousseff insiste sur la «continuité» avec l'action de Lula, pendant que son rival dénonce les «scandales» de corruption et réclame un gouvernement «honnête».

Au-delà des polémiques, «il y a probablement plus de points d'accord que de conflits» dans leurs programmes, a relevé la presse. Les deux sont des candidats de centre-gauche, un courant qui a gouverné le Brésil au cours des seize dernières années.

Quel qu'il soit, le prochain président aura devant lui un vaste chantier car, en dépit de ses succès, Lula «laisse un lourd héritage en matière d'éducation, d'infrastructures, de sécurité, de corruption et de réformes dans le très coûteux système des retraites et des impôts», a dit à l'AFP Alexander Bush, auteur du livre «Brésil, pays du présent».