Marisol Valles a 20 ans. Elle a un bébé de 7 mois et 19 policiers sous ses ordres. Elle est le nouveau chef de la police de Praxedis G. Guerrero, une des petites villes les plus violentes du nord du Mexique. Dans son sillage, plusieurs femmes se sont enrôlées dans la police de cette municipalité. Ça tombe bien: Marisol Valles veut créer une police de femmes, explique notre collaboratrice.

«Je suis la chef de la police, mais je suis aussi une citoyenne comme les autres, une maman. Je veux que les gens s'identifient à moi et qu'à travers moi, ils retrouvent confiance dans les autorités.»

C'est une détermination sans faille qui émane, à l'autre bout du fil, de la voix de Marisol Valles. À 20 ans, son diplôme de criminologie en poche, cette petite brune, employée municipale avec un an d'expérience, vient d'être nommée chef de la police de Praxedis G. Guerrero, ville du nord du Mexique de 10 000 habitants.

À la frontière avec les États-Unis, près de Ciudad Juárez, l'endroit est un couloir de passage de la drogue et un lieu lacéré par la violence des affrontements entre gangs de narcotrafiquants.

Les maires de deux villages voisins ont été assassinés récemment. La nomination de Marisol Valles est donc, en soi, un défi.

Dans un entretien téléphonique qu'elle a accordé à La Presse de son tout nouveau poste de commandement, Mme Valles raconte que le jour de son entrée en fonction, le 10 octobre, plusieurs femmes se sont présentées spontanément pour s'enrôler dans la police.

Mme Valles les a immédiatement engagées dans son projet de créer une police de femmes.

«Sauver les jeunes»

«Cela peut sembler surprenant, mais c'est de ces mères de famille que nous avons besoin pour la prévention», s'enflamme la chef de la police, qui aspire à «sauver les jeunes qui ne sont pas encore perdus». Ceux qui ne sont pas encore tombés aux mains des gangs.

Pour le moment, elle a neuf femmes sous ses ordres, la moitié de ses effectifs. Chaque quartier se verra affecter une policière, qui sera elle-même une habitante du quartier.

«Les femmes ont un sixième sens qui leur permet de comprendre ce qui se passe autour d'elles, ajoute Mme Valles . «Et c'est encore plus vrai ici: elles sont plus souvent à la maison, elles connaissent mieux le voisinage. Cela les rend plus aptes à détecter s'il se passe quelque chose d'anormal.»

La popularité de l'intrépide Marisol Valles et de sa police de femmes transcende déjà les frontières du Mexique. Sans perdre le nord, elle en profite pour réclamer de l'aide pour sa ville: «Nous avons besoin d'un soutien international, d'experts étrangers qui viennent nous apporter leur savoir-faire. Et nous avons aussi un besoin urgent de gilets pare-balles...»

En tant que chef de la police, elle sait qu'elle risque sa peau: «J'ai peur, car je suis humaine, mais j'ai plus d'espoir que de peur», confie-t-elle.