Dilma Rousseff, la candidate soutenue par le président Luiz Inacio Lula da Silva, est donnée gagnante de l'élection présidentielle de dimanche au Brésil, mais peut-être pas au premier tour, selon deux sondages publiés samedi soir.

«Je suis préparée pour être la première présidente du Brésil (...), mon but est de faire du Brésil un pays développé», a dit Dilma Rousseff lors du dernier débat télévisé entre les candidats jeudi soir.

L'institut Ibope accorde à la dauphine de Lula 51% des votes exprimés, ce qui lui permettrait de remporter le scrutin dès dimanche. Ce sondage a toutefois une marge d'erreur de plus ou moins deux points.

La chaîne Globo, qui a commandé cette enquête, évoque ainsi «un scénario incertain» pour les résultats du premier tour.

Selon l'institut DataFolha, Dilma Rousseff recueillerait 50% des votes exprimés, avec également une marge d'erreur de deux points.

Cette ex-guérillera, emprisonnée pendant près de trois ans et torturée sous la dictature a été choisie par Lula pour lui succéder.

Samedi, Lula a parcourudans un climat festif mais aussi d'adieux, les rues de Sao Bernardo do Campo, dans la banlieue de Sao Paulo, au coté de Dilma.

Ce dernier acte de campagne, suivi par des centaines de personnes, a pris des airs de cérémonie d'adieux de Lula envers son fief électoral qui a vu l'ancien ouvrier tourneur devenir le dirigeant du syndicat des métallurgistes, en pleine dictature (1964-1985).

«J'ai élevé les enfants de mon ouvrier», a raconté avec beaucoup de fierté à l'AFP Maria Elizelia en exhibant une photo dédicacée du chef de l'État: « A ma chère Zelinha, avec beaucoup de tendresse».

C'est la première fois en 20 ans que Lula n'est pas dans la course présidentielle.

«Je suis convaincu que la majorité du peuple veut la continuité du gouvernement, parce que ce gouvernement a une approbation de 80% (...). C'est pourquoi je pense que Dilma va gagner», avait déclaré Lula vendredi à Sao Bernardo où il votera dimanche.

Propulsée par la popularité record de Lula - 85% selon un sondage publié vendredi - la candidate du Parti des Travailleurs (PT-gauche) obtient jusqu'à 54% des suffrages exprimés, 25 points devant son principal opposant le social-démocrate et ex-gouverneur de Sao Paulo, José Serra, 68 ans.

La chef de file des Verts et ex-ministre de l'Environnement de Lula, Marina Silva, 52 ans, qui se hisse à la troisième place avec 17% des intentions de vote, a joué les trouble-fête mais sans réussir à s'imposer.

La sécurité a été renforcée dans tout le pays et notamment à Rio, l'une des villes les plus violentes du pays. Près de 27 000 policiers ont été mobilisés pour permettre aux quelque 11,5 millions d'électeurs de l'État de voter en toute tranquillité dans les bureaux de vote situés près des favelas.

En dépit d'un scandale de trafic d'influence touchant le gouvernement, la campagne électorale a peu passionné les Brésiliens. Non seulement parce qu'aucun des candidats n'a la forte personnalité de Lula mais aussi parce que tous, à des nuances près, ont promis de poursuivre une politique qui a donné au Brésil une nouvelle prospérité.

Néanmoins, de vastes chantiers attendent le nouveau président, et d'abord faire baisser la violence, un dossier pressant en raison du Mondial de football de 2014 et des Jeux Olympiques de 2016 organisés au Brésil. L'éducation, la santé, les infrastructures vétustes ou saturées, la corruption, les réformes agraire, politique, fiscale et des retraites sont autant de défis à relever.

Outre le successeur de Lula, les Brésiliens devront désigner dimanche les gouverneurs et députés des 27 États fédérés, renouveler l'Assemblée nationale et les deux-tiers du Sénat.

Un second tour pourrait avoir lieu le 31 octobre si aucun des candidats à la présidence n'obtient dimanche la majorité des suffrages exprimés.

Dans  cette hypothèse, Dilma Rousseff l'emporterait facilement sur son principal adversaire, le social-démocrate José Serra: 51% contre 37% des votes valides (Ibope) et 52% contre 40% (DataFolha).