Glissements de terrain au Mexique et en Colombie, inondations sans fin : le phénomène climatique «La Nina» provoque une des pires saisons des pluies de l'histoire dans le nord de l'Amérique latine, avec déjà des centaines de morts et des milliards de dollars de dégâts.

Glissements de terrain au Mexique et en Colombie, inondations sans fin : le phénomène climatique «La Nina» provoque une des pires saisons des pluies de l'histoire dans le nord de l'Amérique latine, avec déjà des centaines de morts et des milliards de dollars de dégâts.

À l'inverse d'«El Nino» (le garçon), «La Nina» (la fillette) se caractérise par des températures anormalement basses des eaux de surface dans le secteur central et oriental du Pacifique, qui entraînent de fortes fluctuations du climat et notamment plus de cyclones dans l'Atlantique.

Selon les météorologues locaux, elle a déjà provoqué une hausse de 30% des pluies en Amérique centrale, région très vulnérable aux intempéries, en raison de son relief abrupt et de la faiblesse de ses infrastructures.

Au Mexique, en Colombie et au Venezuela, aussi, les sols sont saturés d'eau, créant un terreau propice aux glissements de terrain surtout dans des zones à l'urbanisation anarchique.

Mardi à l'aube, tout un pan de colline s'est abattu sur 100 à 300 maisons d'une petite ville de montagne du sud-est du Mexique, Santa Maria Tlahuitoltepec. Aucun mort n'a été confirmé, mais onze personnes sont portées disparues, selon les autorités, qui ont revu à la baisse un premier bilan de 7 morts et 100 disparus.

La veille au soir, en Colombie, un autre glissement de terrain avait enseveli de 20 à 30 personnes, tandis qu'au Venezuela voisin de fortes pluies ont fait 18 morts depuis vendredi soir.

La saison des pluies a déjà fait près de 90 morts au Mexique et 400 en Amérique centrale, où elle s'étend de mai à novembre. En Colombie, où elle se divise en deux parties (mars-juin, puis fin septembre-décembre), les autorités ont recensé 74 morts avant le drame de lundi.

Et le pire est peut-être encore à venir.

«À partir d'octobre, on attend beaucoup de précipitations à cause du phénomène La Nina, qui provoque des pluies plus intenses et fréquentes sur le territoire colombien», a déclaré à l'AFP Daniel Useche, membre de l'Institut d'hydrologie, de météorologie et d'études environnementales (Ideam).

La Nina devrait faire sentir ses effets jusqu'à mars en Colombie, selon l'Ideam.

Par ailleurs, en Amérique centrale, la tempête tropicale Matthew, passée le week-end dernier, «continue à apporter beaucoup d'humidité,» explique Ezequiel Oliva, du service météorologique du Honduras.

En outre, l'Amérique centrale est une des régions les plus vulnérables au réchauffement climatique, selon l'Indien Rajendra Pachauri, chef du Groupe intergouvernemental d'experts de l'ONU sur l'évolution du climat (Giec) en visite dimanche au Guatemala.

«L'impact sera plus grave pour l'eau, les écosystèmes, les forêts, la santé humaine, les régions côtières et la diversité», a-t-il déclaré à l'AFP.

Mais alors que le nord de l'Amérique latine a les pieds dans l'eau, la Nina assèche à l'inverse le cône sud.

Les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) se préparent à un printemps (austral) et un été peu pluvieux, qui auront un impact sur les prix agricoles, puisque le bloc est un des principaux exportateurs de céréales et de viande.

En Bolivie, un incendie de forêt a détruit 27.000 hectares dans une réserve naturelle de la province de Santa Cruz, dans le sud-est du pays en proie à une des pires sécheresses enregistrées depuis 30 ans.