Le maire d'une ville mexicaine a été abattu par des membres présumés d'un cartel de la drogue, le troisième en un mois, dans un État du nord-est du pays en proie à la violence.

Mercredi, des hommes cagoulés ont fait irruption dans les bureaux d'Alexander Lopez Garcia, maire d'El Naranjo, dans l'État de San Luis Potosi (nord du Mexique) et l'ont abattu.

Si on ne disposait pas d'informations dans l'immédiat sur les éventuelles motivations de cet assassinat, la méthode rappelle en tous cas les méthodes utilisées par les gangs d'hommes de main des cartels mexicains de la drogue.

Dans le même temps, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a fait monter la pression sur le Mexique, estimant mercredi que le pays «ressemblait de plus en plus à ce qu'était la Colombie il y a 20 ans, quand les narcotrafiquants contrôlaient certaines parties du pays».

À l'époque, le cartel de Medellin menait une véritable guerre frontale contre l'État colombien, assassinant policiers, hommes politiques et juges, semant la terreur au sein du grand public avec des attentats frappant des citoyens anonymes, sans compter les enlèvements contre rançon parmi les couches favorisées de la population.

Condamnant rapidement l'assassinat du marie d'El Naranjo, le gouvernement mexicain, très sensible à toute velléité de son grand voisin de se mêler de sa politique, a cependant rejeté toute comparaison avec la Colombie.

Et surtout le fait que Mme Clinton évoque l'éventualité de mise en oeuvre une sorte de «Plan Colombie» pour le Mexique, l'Amérique centrale et la région Caraïbe: dans le cadre de ce plan de lutte contre la drogue, d'un montant de plusieurs milliards de dollars, les États-Unis ont mobilisé des commandos des forces spéciales de l'armée américaine, assurant la formation des forces colombiennes ainsi que de missions sur le terrain.

«À compter d'aujourd'hui, nous devons dire cela clairement. Nous n'allons pas autoriser une quelconque version d'un Plan Colombie», a décrété le sénateur Santiago Creel, du Parti de l'action nationale (PAN) du président Felipe Calderon.

S'il est largement considéré comme ayant aidé Bogota à lutter contre la guérilla, les détracteurs du Plan Colombie considèrent qu'il n'a en revanche pas porté ses fruits contre le trafic de drogue.

«Je sais que le Plan Colombie est controversé. Il y a eu des problèmes et des erreurs, mais il a fonctionné», avait déclaré Mme Clinton mercredi à Washington.

«Nous avons besoin de préciser l'équivalent pour le Mexique, l'Amérique centrale et la Caraïbe. Ce n'est pas facile (...) Nous nous efforçons à définir des angles qui donnent vraiment des résultats», a-t-elle ajouté devant le Conseil des relations extérieures.

Lopez Garcia, est le troisième maire mexicain assassiné en un mois. Le 29 août, Marco Antonio Leal, maire de l'État voisin du Tamaulipas, un des plus violents du nord-est du Mexique, était abattu et sa fille blessée. Le 18 août, le cadavre Edelmiro Cavazos, maire de Santiago, dans l'État de Nuevo Leon, avait été retrouvé, la police là aussi mettant en cause les gangs de la drogue.

Selon le parquet de l'État de San Luis Potosi, Lopez Garcia a été abattu par un commando de quatre hommes. Sa commune de 20 000 habitants est située à la frontière du Tamaulipas, où 72 candidats à l'immigration clandestine vers les États-Unis, originaires d'Amérique centrale et du Sud, ont été massacrés par des trafiquants de drogue, toujours en août, à San Fernando.

Mercredi, les autorités mexicaines ont annoncé sept nouvelles arrestations dans le cadre de l'enquête sur ce massacre, le pire attribué aux cartels de la drogue à ce jour. Selon le porte-parole du gouvernement Alejandro Poire, les suspects appartiennent au gang des Zetas, gang ultra-violent d'hommes de main devenu cartel à part entière, qu'on considère responsables de cet épisode sanglant.