La reprise des pluies a de nouveau interrompu les recherches lundi au Guatemala, où 45 personnes sont mortes et 15 sont toujours portées disparues après des glissements de terrain qui ont déjà provoqué un demi-milliard de dollars de dégâts.

Les équipes de secours avaient déjà interrompu leurs recherches des personnes supposées ensevelies sous la boue à Solola, dans l'ouest du pays, dimanche, en raison de nouvelles averses faisant craindre de nouveaux glissements de terrain.

Dimanche soir, une nouvelle coulée de boue avait d'ailleurs fait un mort et huit blessés, dont deux enfants.

Jusqu'ici, 25 corps ont été retrouvés à Solola. Beaucoup sont des indiens Parraxim emportés par une seconde coulée de boue samedi, alors qu'ils étaient venus porter secours à des automobilistes et des piétons emportés au fond d'un ravin de 300 mètres de profondeur par un glissement de terrain.

«Nous avons pris des pelles et des pioches et nous commencions à aider quand est survenu l'autre éboulement», raconte Manuel Sohom, qui a perdu son fils de 15 ans dans le drame.

Ils ne se trouvaient alors qu'à quatre mètres de distance, mais «tout est allé si vite que nous n'avons rien eu le temps de faire», dit-il en pleurs. «La terre m'a recouvert jusqu'à la poitrine et j'ai réussi à sortir, mais d'autres ont été complètement ensevelis et mon fils est resté sous la terre et la boue».

Manuel Ajtzalam partage sa détresse. Il est venu reconnaître les cadavres d'un de ses neveux et de deux cousins, qui étaient aussi venus tenter de secourir les victimes du premier glissement de terrain.

Après avoir récupéré leurs corps, les familles les ont lavés selon les rites traditionnels indigènes, puis les ont enterrés dimanche et lundi dans leurs petits villages où l'on cultive essentiellement la pomme de terre, les haricots et le maïs.

Les torrents de boue ont également provoqué des dégâts considérables.

Des localités sont inondées et les routes ont été gravement endommagées, a déclaré Alejandro Maldonado, secrétaire exécutif de la Coordination nationale pour le traitement des catastrophes (CONRED), organisme qui fait état de plus de 51 000 personnes sinistrées.

«C'est une tragédie nationale. Rien que ce week-end, il y a eu des dégâts comparables à ceux d'Agatha», a déclaré dimanche le président Alvaro Colom, faisant référence à la tempête tropicale qui avait fait 165 morts et un milliard de dollars de dégâts au mois de mai.

La veille, le chef de l'État avait déjà décrété l'état d'urgence, expliquant que le pays «n'a pas de fonds pour faire face à une autre catastrophe comme celle d'Agatha».

Le Guatemala vit cette année sa pire saison des pluies (mai-novembre) depuis 60 ans, selon les autorités.

Le reste de l'Amérique centrale n'est pas épargné. Au cours des derniers mois, les intempéries ont fait 55 morts au Honduras, au moins 40 au Nicaragua, neuf au Salvador et trois au Costa Rica.

Et ce phénomène risque de se répéter.

Les études locales montrent que le réchauffement climatique se traduit par «des pluies plus intenses sur des périodes plus courtes et concentrées dans une zone déterminée», a déclaré à l'AFP Roberto Rodriguez, coordinateur de la Commission centraméricaine sur l'environnement et le développement (CCAD) du système d'intégration centraméricain (SICA).