Le décès d'un agriculteur vénézuélien en grève de la faim pour protester contre l'expropriation de ses terres a suscité mardi une volée de critiques contre le président socialiste Hugo Chavez, à moins d'un mois d'élections législatives cruciales.

Après six ans de lutte pour récupérer la pleine possession de ses terres et huit grèves de la faim, Franklin Brito, 49 ans, est décédé lundi dans un hôpital militaire de Caracas où il avait été interné de force, ont annoncé ses proches.

«Aujourd'hui, 30 août, le corps épuisé de notre époux et père Franklin Brito s'est arrêté de respirer», a déclaré sa famille dans un communiqué relayé par des journaux vénézuéliens déplorant la disparition d'un «symbole» pour le peuple vénézuélien dans sa lutte pour la «liberté».

Les partis d'opposition ont multiplié les critiques à l'annonce du décès.

«Nous vivons dans un pays dont la société est malade, où l'absence de dialogue et de compréhension pousse les plus vulnérables à prendre des décisions aussi draconiennes que celle d'un père de famille prêt à mourir pour défendre un droit constitutionnel: la propriété privée», a estimé le parti d'opposition Primero Justicia (La Justice d'abord) dans un communiqué.

Andrea Tabares, dirigeante du parti Patria Para Todos (Patrie pour tous), a déploré pour sa part que le gouvernement n'ait «rien» fait pour empêcher ce décès. «C'est un triste jour pour la démocratie, pour notre pays».

L'État a pris en 2005 le contrôle de la propriété de Franklin Brito, dans l'État de Bolivar (sud).

Depuis, l'agriculteur n'a cessé de protester, entamant mi-2009 une première grève de la faim qu'il a interrompue en décembre quand le gouvernement a révoqué l'ordre de prise de contrôle de ses terrains.

Il a néanmoins repris son mouvement quelques semaines plus tard, en affirmant que l'Institut national des terres (Inti) ne lui avait pas remis la lettre annulant son expropriation et ne l'avait pas indemnisé.

Jusqu'à présent, aucun membre du gouvernement n'a officiellement réagi à la mort de l'agriculteur.

En juin, le vice-président vénézuélien Elias Jaua avait dénoncé «une campagne, nationale ou internationale» pour «dénaturer la vérité» et présenter l'agriculteur comme un exemple de «violation des droits de l'Homme», ce qu'il réfute.

L'an dernier, l'État vénézuélien a récupéré 500.000 hectares de terres cultivables dans le cadre de sa réforme agraire destinée à mettre fin à la dépendance de ce pays, qui importe la majorité de ses produits agricoles, selon des chiffres officiels.

Les Vénézuéliens sont appelés à renouveler le 26 septembre l'Assemblée nationale (Parlement monocaméral), où l'opposition est réduite à la portion congrue après avoir boycotté le scrutin de 2005, une «erreur» qu'elle a dit ne pas vouloir répéter.