Des militants cubains ont dénoncé dimanche les transferts en prison de huit opposants détenus depuis deux semaines à La Havane et Guantanamo (est de Cuba) pour leurs activités politiques, une affaire qui intervient en plein processus de libération de prisonniers d'opinion.

Trois militants du Parti - illégal - Indépendant et Démocratique, Eduardo Perez, Luis Labrador et Michel Rodriguez, ont été transférés du commissariat de La Havane à une prison de La Havane et de la province voisine de Matanzas après leur arrestation le 16 août pour avoir manifesté à l'entrée de l'université de La Havane, selon la jeune militante Sara Fonseca, qui a été brièvement détenue, et la Commission cubaine pour les droits de l'Homme, une organisation illégale tolérée par le pouvoir communiste.

Les trois jeunes hommes sont accusés «de désordre public», mais aucune charge n'a encore officiellement été retenue contre eux, a déclaré à l'AFP Elizardo Sanchez, à la tête de la Commission cubaine.

Il n'était pas possible de confirmer cette information auprès des autorités de l'île communiste qui ne communiquent jamais sur ce genre d'affaires.

M. Sanchez a par ailleurs dénoncé les arrestations le 12 août de cinq opposants après une «réunion politique» dans une maison de Guantanamo.

Les cinq militants, les frères Ernesto et Rolando Rodriguez, Francisco Manzanet, Roberto Gonzalez et Enyor Diaz, ont été transférés récemment du commissariat de la ville à la prison provinciale, selon M. Sanchez.

Laura Pollan, leader des «Dames en blanc», ces épouses et mères de détenus politiques, a déploré ces arrestations qui interviennent alors que les autorités ont entamé en juillet un processus de libération de 52 détenus politiques, dont la moitié sont déjà libres et en exil, dans le cadre d'une médiation inédite de l'Eglise catholique de Cuba.

«Pendant qu'ils en libèrent certains, ils en emprisonnent d'autres (...) ce sont les lois de ce pays qu'il faut changer», a-t-elle dit.

Les opposants sont considérés à Cuba comme des «mercenaires» à la solde des Etats-Unis.

Evoquant ces libérations début août, le président Raul Castro avait prévenu qu'elles ne signifiaient pas «le début de l'impunité» pour les «ennemis de la patrie».