Un tribunal vénézuélien a interdit mardi la publication d'images violentes pendant un mois, après qu'un journal critique envers le gouvernement a fait paraître à sa une la photo de cadavres à la morgue de Caracas, l'une des capitales les plus violentes d'Amérique latine.

La presse «doit s'abstenir de publier des images violentes, sanglantes, grotesques, de faits divers ou non, qui d'une façon ou d'une autre, violent l'intégrité psychique et morale des enfants», dit la décision de justice, publiée moins d'un mois et demi avant des élections législatives cruciales.

Le quotidien El Nacional avait publié vendredi en une un cliché de décembre 2009 montrant une dizaine de cadavres amoncelés dans une morgue de Caracas.

«Nous l'avons publié parce que nous considérons que c'est le bon moment». Le but est de «susciter un choc pour que les gens réagissent face à la violence», s'est justifié Miguel Henrique Otero, éditeur du journal, sur le réseau de micro-blogs Twitter.

La décision de justice est valable «un mois à partir de la présente décision», a précisé le tribunal numéro 12 de Caracas.

Auparavant, une autre décision avait interdit à El Nacional «la publication d'images, d'informations et de publicité de toute sorte contenant du sang, des armes, des messages de terreur, des agressions physiques attisant des contenus belliqueux et des messages sur des morts et des décès».

C'est de la «censure», a estimé Tal Cual, un journal également visé pour avoir publié la même image cette semaine. «Tal Cual bâillonnée», titrait sur Twitter l'organe de presse, très critique à l'encontre du président socialiste Hugo Chavez.

Depuis des années, le gouvernement ne fournit plus de chiffres sur la criminalité, pour éviter un effet d'entraînement présumé. Mais à Caracas, la presse publie chaque semaine des bilans de morts récupérés auprès des morgues.

Selon l'Observatoire vénézuélien de la violence (OVV), une ONG bien renseignée, Caracas a un taux d'homicides de 140 pour 100 000 habitants, contre 18 pour 100 000 habitants à Bogota.

L'insécurité figure en tête des préoccupations des Vénézuéliens dans tous les sondages.