C'est en promettant de changer les choses en profondeur et de changer aussi les mentalités que le candidat aux présidentielles haïtiennes Michel Martelly s'est présenté à la presse montréalaise, vendredi.

Michel Martelly plus connu sous le nom de Sweet Micky, est un chanteur et un musicien, qui tout comme son principal adversaire Wyclef Jean, vit présentement en Haïti. Il dit mieux connaître le peuple haïtien que Wyclef Jean et bénéficier déjà de la confiance du peuple haïtien.

Il était d'ailleurs accompagné de Pras Michel, un ancien collaborateur et ami de Wyclef Jean, au sein du groupe The Fugees, qui a choisi de l'appuyer plutôt que Wyclef Jean.

Et si Michel Martelly s'est montré diplomate envers son adversaire Wyclef Jean, quand on lui a demandé d'en parler, Pras Michel, lui, a eu des mots critiques à son endroit.

«Wyclef a fait beaucoup pour Haïti. Il a attiré l'attention internationale sur Haïti et je l'applaudis pour ça. Il a été un militant pour Haïti et je le félicite pour ça. Mais je désapprouve sa candidature. J'appuie Michel Martelly plutôt que Wyclef Jean, parce que l'état dans lequel se trouve présentement Haïti, surtout depuis le tremblement de terre, nécessite un changement radical. Haïti n'est pas dans un état où il peut y avoir un leader qui vient pour faire de la politique comme avant. Il faut un candidat qui appelle à la transformation d'Haïti; il faut quelqu'un qui vient et qui rassemble tous les Haïtiens», a plaidé Pras Michel, qui vit aux États-Unis.

«Si, pour une raison ou pour une autre, Wyclef Jean souhaite continuer et devient le prochain président, on restera à ses côtés pour l'aider à rebâtir Haïti, parce que c'est ce dont on a besoin. Mais si Wyclef Jean veut se promener et agir comme s'il était le Messie, il va continuer à perpétuer la destruction d'Haïti», a opiné Pras Michel.

Le candidat Martelly, lui, s'est décrit comme plus apte à rassembler, à comprendre le peuple haïtien, auprès duquel il oeuvre sur le terrain depuis des années. «J'ai toujours vécu avec mon peuple main dans la main. On a fait le tour du pays. On a souffert avec eux, chanté avec eux, dansé avec eux, partagé avec eux. On a compris, entendu leurs cris.» Il vit d'ailleurs en Haïti et oeuvre à la Fondation rose et blanc, qui est engagée dans des causes sociales en Haïti.

Son programme est ambitieux. D'abord, il veut faire table rase du passé. «En Haïti, la corruption est légale. On vit de corruption. On est corrompu du plus haut niveau au plus bas niveau. Il faut changer tout ça et responsabiliser l'État», a-t-il dit.

Ensuite, il veut investir dans ce qu'il appelle le social, c'est-à-dire les écoles et les hôpitaux.

M. Martelly se dit prêt à prendre des décisions impopulaires pour rebâtir Haïti, notamment instaurer un système d'impôt. «Quand vous allez dire à quelqu'un qui n'a jamais payé d'impôt qu'il devra désormais en payer un peu, c'est une guerre qui commence. Ça ne va pas être facile. Mais quand les retombées seront positives et que les gens vont comprendre que c'est grâce à leurs impôts que l'État arrive à implanter des hôpitaux dans les communes, des écoles, et supporte les agriculteurs, ces décisions qui auront été impopulaires, au début, seront beaucoup mieux comprises et mieux interprétées dans un second temps.»

Aussi, il veut reconstruire Haïti avec les Haïtiens et les amis d'Haïti. Et cela passe aussi par le développement de l'agriculture et la restauration de la sécurité dans le pays.

«Il y a cette misère atroce qui nous crève les yeux tous les jours. Il y a cet échec des gouvernements précédents, l'absence de structures, l'absence de valeurs morales, l'inefficacité d'un système éducatif, l'accès à la santé inexistant, le développement agricole inexistant, la promotion même de notre culture inexistante», a-t-il déploré.

Il réitère son message voulant que pour instaurer de tels changements, il faudra changer les structures en Haïti. «Méfiez-vous. Il y a des milliards de dollars qu'on s'apprête à donner en Haïti. Si vous ne vous assurez pas que la structure même de l'État change en Haïti, je vous le garantis, ces milliards ne serviront à rien. Préparez-vous à en donner d'autres. C'est pourquoi j'insiste sur le fait qu'il faille changer la mentalité, la structure, la façon de faire», a conclu M. Martelly.

Les élections haïtiennes doivent avoir lieu le 28 novembre.