La ville minière de Potosi, dans le sud bolivien, demeurait lundi aux prises avec un conflit social paralysant dans son 12e jour, avec des axes routiers et ferroviaires coupés vers l'extérieur, des pénuries en ville, et une centaine de touristes étrangers bloqués.

Le ville de 160 000 habitants semblait morte, entre magasins fermés et circulation anémique par manque d'essence. Des touristes -dont une quarantaine de Français- tuaient le temps dans leurs hôtels, dans l'attente d'un déblocage politique qui lèverait les barrages routiers, a constaté l'AFP.

Seule une manifestation du comité gréviste local, qui rassemble syndicats, mais aussi secteur privé et élus locaux, animait la ville, ainsi que des piquets de grève de la faim, où jeûnaient depuis le week-end environ 500 grévistes.

Potosi, fief minier historique tenu par un opposant (de gauche) au gouvernement socialiste d'Evo Morales, est le coeur depuis fin juillet d'une grève générale, pour une série de demandes d'investissements locaux, et le règlement d'un vieux différend limitrophe avec la province voisine d'Oruro.

Armée et police sont volontairement en retrait depuis le début du conflit, donnant à l'impression d'une ville aux mains des grévistes.

Après la sortie de 40 touristes durant le week-end, les barrages routiers sont redevenus imperméables, et les Français rencontrés par l'AFP disaient préférer attendre un déblocage politique, suivant les conseils de leur ambassade.

Des pénuries d'aliments et de médicaments se font sentir depuis le week-end, et plusieurs Potosinos organisaient des collectes pour s'entraider. Quelques magasins ont néanmoins ouvert brièvement lundi, avec des denrées de première nécessité aux prix gonflés.

Le comité gréviste se réunissait lundi pour répondre à une nouvelle offre de dialogue sous condition du gouvernement.

«Nous irons à Potosi, dès l'instant où se lèveront les mesures de pression», a affirmé lundi le ministre à la Présidence Oscar Coca, ajoutant que si le comité gréviste préfère se déplacer à La Paz, «le président les recevra pour entendre leur demandes».