À cinq mois de quitter le pouvoir, le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, fort d'une popularité record de plus de 80%, estime que la relation qu'il a établie avec la société est «l'héritage le plus important» qu'il laissera après huit ans de mandat.

«Le plus important est la relation que j'ai établie avec la société (..) Toutes les politiques publiques que nous avons mises en place sont le résultat de la participation de milliers de personnes dans les communes et dans les États», a déclaré Lula (63 ans) dans une longue interview à l'hebdomadaire IstoE de ce week-end.

«Voilà l'héritage que je vais laisser, qu'aucun autre président n'aura le courage de changer (..) Le palais d'un gouvernement n'est pas seulement pour recevoir des princes (..) Les SDF (sans domicile fixe) sont entrés et ont pleuré (..) Nous avons voté la retraite pour les lépreux qui sont restés plus de 30 ans isolés dans des colonies. Je les ai embrassés un par un parce que jamais aucun président ne les avaient approchés, sans doute par dégoût», a ajouté Lula, souhaitant que le pays -où près de 30 millions de personnes sont sorties de la misère- continue à croître.

«Si l'on continue comme cela pendant six ou sept ans, nous deviendrons la quatrième économie du monde. Le peuple va manger plus et consommer plus (..) mais il y a encore beaucoup à faire», a-t-il dit, soulignant que sa dauphine pour la présidentielle d'octobre, Dilma Rousseff, est la «mieux préparée» pour gouverner. La Constitution brésilienne ne permet pas à Lula, du Parti des Travailleurs (PT-gauche) de briguer un troisième mandat consécutif.

Après avoir quitté le pouvoir, Lula affirme ne pas vouloir travailler dans un organisme international: «je refuserai», assure-t-il. Mais il dit avoir l'intention de «populariser» les politiques sociales menées au Brésil auprès d'autres pays d'Amérique latine et d'Afrique.

«J'ai reçu beaucoup d'invitations de pays africains pour aller là-bas et montrer ce que nous avons fait».

À propos du rôle d'intermédiaire qu'il a joué dans le dossier nucléaire iranien, son action la plus osée en politique extérieure, Lula a déclaré que les grandes puissances occidentales ont été «jalouses» qu'il ait réussi à négocier avec le président Mahmoud Ahmadinejad et que pour cette raison elles ont voté pour de nouvelles sanctions à l'Onu.