Le dirigeant communiste cubain Fidel Castro a mis en garde samedi le président américain Barack Obama contre les conséquences d'une offensive contre l'Iran dans son premier discours devant le Parlement depuis qu'il a cédé le pouvoir il y a quatre ans.

Vêtu d'une chemise kaki, Fidel Castro, qui aura 84 ans vendredi prochain, a été accueilli par des applaudissements nourris et des «viva!» de la part des députés, des membres du gouvernement et de son frère et successeur Raul, 79 ans, selon des images transmises en direct par la télévision cubaine.

Connu pour ses discours-fleuve du temps de sa présidence, Fidel Castro a lu, debout à la tribune, un «message à l'Assemblée nationale» d'une dizaine de minutes pour évoquer le danger que le bras de fer entre les États-Unis, Israël et l'Iran débouche sur une guerre nucléaire dévastatrice.

Il est allé ensuite s'asseoir au centre de la tribune pour permettre aux quelque 600 députés présents de prendre la parole.

«Étant donné que l'Iran ne cédera pas d'un pouce aux exigences des États-Unis et d'Israël» sur son programme nucléaire, le président Obama, «un descendant d'africain et de blanc, de mahométan et de chrétien», devra décider «seul» de lancer ou non une attaque contre Téhéran, estime Fidel Castro qui prévoit dans ce cas une violente riposte de la part des Iraniens.

«Sûrement, en raison de ses multiples occupations, il ne s'en est pas rendu compte encore (...) mais nous sommes ici pour cela (...) c'est notre contribution aux efforts de dissuasion», a-t-il déclaré sans jamais évoquer la situation à Cuba.

«La guerre, ce n'est pas un moyen de soutenir l'empire, mais Obama n'est pas (Richard) Nixon qui était un cynique ou (Ronald) Reagan, un ignorant total», a dit Castro, qui a défié sur son île onze présidents américains.

Des députés ont fait part de leur «joie immense» de revoir à la tribune le «camarade» Fidel qui s'exprimait en direct à la télévision pour la première fois depuis la grave maladie qui l'a contraint de céder la présidence le 31 juillet 2006.

Le père de la Révolution cubaine, qui reste Premier secrétaire du Parti communiste et qui a multiplié depuis un mois les sorties publiques pour évoquer les dangers d'une guerre, avait annoncé le 26 juillet qu'il solliciterait une telle séance extraordinaire du Parlement.

Depuis son retour très médiatisé sur la scène publique, Fidel Castro, qui se consacrait jusque là à l'écriture de ses mémoires et de ses «réflexions» sur l'actualité dans la presse locale, n'a jamais parlé de la situation à Cuba, sous la gouverne de son frère.

Il n'avait pas assisté à la cérémonie officielle de la fête nationale le 26 juillet ni, le 1er août, à la séance régulière du Parlement, qui se réunit deux fois par an et s'est penché sur la grave crise socio-économique à Cuba.

«C'est complètement surréaliste de voir réapparaître Fidel Castro pour nous parler de la crise iranienne et non pas de celle à Cuba», a déclaré à l'AFP un jeune artiste cubain refusant d'être identifié.

Le député Eduardo Borges s'est lui déclaré «très fier» de ce retour de Fidel Castro «alors que le monde se débat entre la guerre et la paix».

Il y a une semaine, le chef d'état-major interarmées américain, l'amiral Michael Mullen, avait déclaré qu'un plan d'attaque des États-Unis contre l'Iran était prêt au cas où Téhéran se doterait de l'arme nucléaire, mais qu'il était «extrêmement préoccupé» par les conséquences que pourrait avoir une telle offensive.

Cuba est sous embargo américain depuis 48 ans et n'a pas, comme l'Iran, de relations diplomatiques formelles avec les États-Unis. Cuba et l'Iran figurent par ailleurs, avec le Soudan et la Syrie, sur la «liste noire» américaine des pays soutenant le terrorisme, ce que ces derniers contestent.