Juan Manuel Santos a été investi samedi président de Colombie lors d'une cérémonie durant laquelle il a proposé au Venezuela un «dialogue direct», «le plus vite possible», pour résoudre la crise qui a conduit à la rupture des relations diplomatiques entre ces pays.

Son homologue vénézuélien Hugo Chavez a rapidement réagi en se disant prêt à le rencontrer dans les prochains jours.

«Compte tenu des circonstances (...) je souhaite un dialogue franc et direct le plus vite possible» avec le Venezuela, a déclaré M. Santos après avoir remercié tous ceux qui avaient proposé leurs bons offices pour rapprocher les deux pays, dont le brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.

Caracas avait rompu le 22 juillet ses relations diplomatiques avec son voisin après la présentation à l'Organisation des États américains (OEA) de «preuves» colombiennes établissant selon Bogota la présence de quelque 1.500 guérilleros des Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie, marxistes) au Venezuela.

Hugo Chavez avait jugé ces preuves mensongères et estimé qu'elles montraient les intentions «guerrières» du président sortant Alvaro Uribe, ordonnant même des déploiements de troupes à la frontière.

Vendredi il avait toutefois annoncé, à moins de 24 heures à la cérémonie, que son ministre des Affaires étrangères Nicolas Maduro assisterait à l'investiture de M. Santos.

Peu après le discours de M. Santos, Hugo Chavez s'est dit prêt à rencontrer son homologue dans les prochains jours.

«Je suis prêt à tourner la page et à regarder vers l'avenir. Je suis prêt, président Santos», a lancé M. Chavez dans une allocution télévisée.

«S'il (Santos) ne peut venir dans les trois ou quatre prochains jours, je suis disposé à me rendre en Colombie», a-t-il précisé, affirmant son «désir de travailler avec le nouveau président de Colombie».

Le président équatorien Rafael Correa, dont le pays fut aussi en froid avec la Colombie au sujet des Farc, après le bombardement en 2008 par l'armée colombienne d'un camp de la guérilla en Équateur, assistait également à la cérémonie.

Il a salué «la fraternité inamovible» entre les peuples de Colombie et d'Équateur.

Le nouveau président colombien a assuré que le mot «guerre» ne figurait pas dans son «dictionnaire» et que la Colombie n'avait pas d'ennemis à l'étranger. Il a souligné sa volonté d'accorder à la Colombie une place plus importante sur la scène internationale, en intégrant davantage «les institutions multilatérales».

Juan Manuel Santos a été investi par le président du Congrès Armando Benedetti, jurant de respecter la Constitution et les lois du pays, à 15h40.

Il a ensuite égrené ses priorités en matière de politique intérieure devant un parterre de quelque 3000 invités dont 16 chefs d'État et de gouvernement, évoquant longuement la lutte contre la misère -- dans un pays où la moitié des 46 millions d'habitants vit sous le seuil de pauvreté -- et le combat contre la corruption.

M. Santos, 58 ans, ex-ministre de la Défense (2006-2009), mais aussi du Trésor et du Commerce extérieur, issu d'une famille influente en Colombie, prendra les rênes d'un pays où la guérilla reste active sur près de 50% du territoire, bien qu'elle ait reculé.

Aux guérillas, il a dit qu'il était prêt à dialoguer, mais à condition qu'elles «déposent les armes, renoncent à l'enlèvement et au narcotrafic», reprenant à son compte la position du gouvernement sortant.

M. Santos avait porté des coups sévères aux Farc en tant que ministre de la Défense, notamment lors de la libération de 15 de leurs otages, dont la franco-colombienne Ingrid Betancourt, le 2 juillet 2008.

Se posant en défenseur de la démocratie il a aussi promis de protéger la justice et de respecter la liberté de la presse.