Le dirigeant cubain Fidel Castro a rejeté vendredi les «pressions» de Washington pour la libération d'un sous-traitant américain en rappelant l'incarcération aux États-Unis de cinq espions cubains qui, selon lui, pourraient être relâchés comme l'ont été récemment dix espions russes.

Évoquant la «condamnation injuste» des cinq Cubains à de lourdes peines de prison pour espionnage en 2001, l'ancien président cubain a estimé, devant une centaine de jeunes communistes réunis à La Havane, que «l'illustre président des États-Unis aurait pu les relâcher comme viennent de l'être plusieurs personnes qui, disait-on, étaient des espions soviétiques, russes et les Russes ont eux aussi relâché (quatre espions) américains» début juillet, a rapporté la télévision cubaine.

Mais l'administration américaine «fait pression sur Cuba pour la libération d'un espion», a déclaré le père de la Révolution cubaine dans une allusion au sous-traitant américain de l'Agence américaine pour l'aide au développement USAID, Alan Gross.

M. Gross, 60 ans, est détenu depuis début décembre à La Havane pour avoir, selon les autorités cubaines, fourni du «matériel de communication sophistiqué» à l'opposition cubaine. Une enquête est officiellement toujours en cours au sujet de cet Américain qui avait été qualifié, par le président du Parlement Ricardo Alarcon, d'«agent» des services de renseignements américains.

Washington, qui n'a plus de relations diplomatiques formelles avec l'île communiste depuis 1961, a réclamé à maintes reprises sa libération immédiate et nié qu'il soit un espion.

Quant aux cinq Cubains, les autorités cubaines ont reconnu leurs activités de renseignement dans les milieux anticastristes de Miami (Floride), mais assurent qu'elles n'ont pas porté préjudice à la sécurité des Etats-Unis.

Devant une centaine de jeunes communistes, dont l'ex-petit naufragé de 1999 Elian Gonzalez, aujourd'hui âgé de 16 ans, Fidel Castro s'est notamment insurgé du traitement réservé à Gerardo Hernandez, confiné selon lui dans un cellule d'isolement sans pouvoir bénéficier des soins médicaux dont il aurait besoin.

M. Hernandez, 45 ans, purge une peine à perpétuité pour avoir livré des informations ayant permis à l'aviation cubaine d'abattre en février 1996 deux avions d'une organisation anticastriste au moment où, selon l'accusation, ceux-ci quittaient l'espace aérien cubain. Quatre Américano-Cubains avaient été tués.

Lors de précédentes déclarations publiques le 26 juillet, Fidel Castro avait assuré que les États-Unis pourraient libérer «avant la fin de l'année» les cinq Cubains qui sont présentés sur l'île communiste comme des «héros de la lutte antiterroriste».

La rencontre de vendredi est la huitième sortie publique en moins d'un mois de Fidel Castro qui se consacrait depuis sa grave maladie il y a exactement quatre ans à l'écriture de billets dans la presse et de ses mémoires.

Les discussions lors de ces sorties publiques portent exclusivement sur la politique étrangère - en particulier sur le péril d'une guerre nucléaire au Moyen-Orient -. Fidel Castro, qui a cédé le pouvoir en juillet 2006, n'a jamais commenté la décision à la mi-juillet de son frère et successeur Raul, 79 ans, de libérer d'ici quatre mois 52 prisonniers politiques cubains.