La mission diplomatique des États-Unis à Cuba va organiser une réunion mardi avec les membres des familles des détenus politiques qui refusent d'émigrer vers l'Espagne ainsi que des représentants de l'Église et de l'ambassade d'Espagne, ont annoncé à l'AFP des épouses de dissidents.

«La seule chose que nous savons, c'est qu'ils ont invité un représentant de chaque prisonnier qui n'a pas été contacté par l'Église (pour émigrer) et de ceux qui ont refusé de voyager en Espagne,» a déclaré Laura Pollan, dirigeante des «Dames en Blanc», groupe d'épouses et de mères des prisonniers politiques.

La réunion est prévue pour mardi à 13h avec des fonctionnaires consulaires et du service des réfugiés, a précisé Magaly Broche, la femme du dissident Librado Linares, qui purge une peine de 20 ans de prison.

Selon Laura Pollan, épouse de Hector Maseda, lui aussi condamné à 20 ans d'incarcération et qui refuse d'émigrer vers l'Espagne, au moins vingt proches de détenus politiques devraient assister à la réunion.

À la suite d'un dialogue inédit entre le cardinal Jaime Ortega et le président cubain Raul Castro, 52 opposants toujours en prison sept ans après leur arrestation pendant la vague de répression de mars 2003 ont commencé à être libérés la semaine dernière.

Onze d'entre eux ont été transférés de l'île communiste en Espagne et neuf autres doivent arriver mardi à Madrid, avec 50 membres de leur famille, a annoncé samedi le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos.

Plus de dix détenus politiques pourrait refuser cette solution ou demander un transfert aux États-Unis, selon des proches.

«Mon mari ne va nulle part, ni en Espagne, ni aux États-Unis. Pour lui, c'est ici qu'il faut lutter», a déclaré Magaly Broche.

«Nous ne partons pas. C'est le plus âgé de tous (les détenus), je suis malade et dans ces conditions, on ne peut pas entamer une nouvelle vie», a affirmé pour sa part Lidia Lima, épouse d'Arnaldo Ramos, 68 ans et condamné à 18 ans d'emprisonnement.

Mgr Ortega s'est rendu aux États-Unis en juin, peu avant d'annoncer le 7 juillet la libération des 52 personnes détenues par le gouvernement cubain, a indiqué vendredi à l'AFP une porte-parole du département d'État américain.

L'Italie, la France, l'Allemagne, le Chili et la Pologne ont aussi proposé d'accueillir des prisonniers libérés, a affirmé dimanche Mme Pollan.

Pour l'Église, l'émigration est seulement une proposition, pas une condition préalable à la libération.