Le gouvernement de Raul Castro va libérer 52 prisonniers politiques, cinq de façon imminente et les autres dans un délai de quatre mois maximum, a annoncé mercredi l'Église catholique de Cuba qui a appelé l'opposant Guillermo Farinas à cesser sa grève de la faim.

La libération de ces 52 opposants, tous considérés comme des «prisonniers de conscience» par l'ONG Amnesty International et les derniers encore incarcérés de la vague de répression de mars 2003, a été annoncée au cours d'une rencontre entre le président Raul Castro, le cardinal Jaime Ortega, «médiateur» dans ce dossier, et le chef de la diplomatie espagnole Miguel Angel Moratinos, selon un communiqué de l'archevêché de La Havane.

Le cardinal «a été informé que dans les prochaines heures» cinq prisonniers seraient «remis en liberté» et pourraient «partir en Espagne en compagnie de leur famille», indique le communiqué.

Les 47 autres prisonniers «seront remis en liberté et pourront partir du pays», poursuit le texte en soulignant que ces libérations interviendraient de façon graduelle «sur une période de trois ou quatre mois».

Si cette information se concrétisait, il s'agirait des plus importantes libérations de prisonniers politiques cubains depuis l'arrivée officielle au pouvoir de Raul Castro en février 2008 en remplacement de son frère Fidel.

M. Moratinos a aussitôt salué l'ouverture d'une «nouvelle étape» à Cuba en vue «de régler définitivement la question des prisonniers» politiques qui, à l'issue des libérations annoncées, seront encore plus d'une centaine.

Il a également indiqué que Madrid était disposé à accueillir les 52 prisonniers à la condition qu'ils puissent revenir à Cuba quand ils le veulent. «Le gouvernement espagnol a accepté que tous ceux qui seront libérés puissent voyager en Espagne, si tel est leur désir», a-t-il dit.

«Les choses commencent à avancer avec célérité et continueront ainsi», s'est de son côté félicité le cardinal Ortega qui a dépêché un émissaire à l'hôpital de Santa Clara (centre) pour convaincre Guillermo Farinas de cesser sa grève de la faim en cours depuis plus de quatre mois.

Le cyberjournaliste de 48 ans, qui se trouve dans un état très grave, a déclaré à l'évêque de Santa Clara, Arturo Gonzalez Amador, «attendre les libérations des cinq premiers détenus avant de se réunir avec ses frères de lutte (opposants) pour prendre une décision», a rapporté par téléphone à l'AFP la dissidente Alejandrina Garcia qui se trouvait au chevet de l'opposant.

Ce psychologue de formation a entamé sa grève de la faim au lendemain de la mort controversée le 23 février du prisonnier de conscience Orlando Zapata, 42 ans, qui observait un jeûne de protestation.

Le ministre espagnol a espéré que ses collègues européens accepteraient maintenant, comme le réclame Cuba, d'abroger la «position commune» européenne qui lie depuis 1996 la coopération au respect des droits et libertés sur l'île.

Chef de file du groupe des «Dames en blanc», ces épouses et mères de prisonniers politiques, Laura Pollan s'est déclarée «perplexe». «Nous espérions la libération de 10 à 15 prisonniers. Je n'ai jamais espéré une telle annonce», a-t-elle dit en ajoutant cependant ne pas avoir été informée officiellement de cette nouvelle passée sous silence dans les médias cubains.

Dans le cadre de son dialogue inédit sur les prisonniers entamé en mai avec le gouvernement, l'Église catholique avait déjà obtenu le mois dernier la libération d'un prisonnier politique paraplégique, Ariel Sigler.

«C'est une bonne nouvelle (...) mais nous restons préoccupés car cela ne veut pas dire que le gouvernement va améliorer les droits civils et politiques à Cuba», a déclaré à l'AFP Elizardo Sanchez, un militant cubain des droits de l'Homme.

Cuba est sous embargo américain depuis 1962 et le régime considère ses opposants comme des mercenaires à la solde des États-Unis.