L'ex-dictateur argentin Jorge Videla, accusé d'avoir mis en place un plan d'extermination d'opposants alors qu'il était au pouvoir (1976-1981), s'est endormi mardi devant le tribunal qui le juge à Cordoba (centre) 25 ans après son premier procès.

L'ancien dictateur, 84 ans, a commencé à glisser insensiblement, au point de s'assoupir contre l'ex-général Luciano Menendez, 83 ans, qui lui-même dormait à ses côtés, au cours de ce procès pour l'exécution de 32 détenus politiques, a constaté un journaliste de l'AFP.

Videla ne s'est réveillé que lorsqu'un classeur, qu'il avait sur ses genoux, est tombé provoquant un bruit sourd dans la salle. Il a alors repris ses esprits et réalisé qu'il était pratiquement blotti contre Menendez.

Lui et Menendez, déjà condamné à la prison à perpétuité dans deux dossiers différents, doivent répondre, en compagnie de 29 co-inculpés, de l'enlèvement et la torture de six autres personnes.

La veille, Videla avait assumé toute sa responsabilité pour les «ordres donnés» alors qu'il était au pouvoir, sans pour autant reconnaître le tribunal civil qui le juge. Menendez, qui ne reconnaît pas davantage le tribunal, avait estimé que l'Argentine était «le seul pays qui juge ses militaires victorieux».

Videla est rejugé pour la première fois depuis sa condamnation à perpétuité en 1985, qui avait été annulée cinq ans plus tard par une grâce du président de l'époque, Carlos Menem.

Une soixantaine de témoins seront entendus au cours de ce procès qui durera jusqu'à la fin de l'année.

Fervent catholique, l'ancien dictateur faisait figure de modéré avant de prendre la tête du putsch du 24 mars 1976 et de diriger le pays jusqu'en 1981. Ces années furent les plus dures du régime, qui est responsable de la disparition de 30 000 personnes, selon les organisations de défense des droits de l'homme.