Cuba compte actuellement 167 prisonniers politiques, contre 201 il y a six mois, «le nombre le plus bas depuis la Révolution» de 1959, a affirmé lundi la dissidence alors que le chef de la diplomatie espagnole est attendue sur l'île pour encourager un processus de libérations.

«Il s'agit du nombre le plus bas de détenus politiques depuis la Révolution. Mais cela ne veut pas dire que la situation des droits de l'Homme s'est améliorée car il y a eu dans le même temps une hausse des détentions arbitraires de courte durée, de quelques heures ou quelques jours», a déclaré à l'AFP Elizardo Sanchez, porte-parole de la Commission cubaine pour les droits de l'Homme. Dans son rapport semestriel, la Commission cubaine, une organisation illégale mais tolérée par le pouvoir, rapporte en moyenne depuis le début de l'année une centaine de détentions de courte durée par mois, qualifiant cette situation de «métamorphose de la répression» sur l'île communiste.

Parmi les 167 détenus recensés au 30 juin, des «mercenaires» à la solde des États-Unis pour Cuba, 53 sont considérés comme des prisonniers de conscience par l'organisation Amnesty International, basée à Londres.

«La grande majorité des prisonniers libérés au cours de l'année l'ont été après avoir purgé leur peine», selon M. Sanchez.

Or, le gouvernement de Raul Castro a accepté de libérer le mois dernier pour raisons de santé un détenu paraplégique, qui purgeait depuis 2003 une peine de 20 ans de prison pour ses activités politiques, après avoir entamé un dialogue inédit avec l'Eglise catholique de Cuba sur le sort des détenus.

M. Sanchez croit qu'il y aura d'autres libérations de détenus «pour faire baisser la tension» après la mort fin février du prisonnier politique Orlando Zapata, 42 ans, des suites d'une grève de la faim.

Attendu lundi soir à La Havane, le ministre espagnol des Affaires étrangères, Miguel Angel Moratinos, vient appuyer un processus de libérations anticipées qui permettraient la fin du jeûne de protestation du cyberjournaliste Guillermo Farinas, 48 ans.

En grève de la faim depuis le 24 février, Farinas réclame la libération de 10 à 12 détenus malades. Mais son état de santé s'est détérioré ces dernières semaines et il est «en possible danger de mort», selon son médecin à l'hôpital de Santa Clara (centre) cité ce week-end dans le journal officiel Granma.

Le président Raul Castro l'avait déjà prévenu en avril qu'il porterait «seul l'entière responsabilité» de sa mort éventuelle, alors que les autorités ont été critiquées en Europe pour l'affaire Zapata.

À la demande de Madrid, l'Union européenne avait accepté le mois dernier de repousser à septembre l'examen de sa «position commune» sur Cuba, pour donner une chance au dialogue en cours entre La Havane et l'Eglise.

Le gouvernement cubain veut que cette position commune qui lie le dialogue au respect des droits de l'Homme soit changée pour des accords bilatéraux avec les pays de l'UE. Plusieurs pays de l'UE se sont dit prêts à revoir leur position si Cuba faisait des progrès en matière de droits et libertés.

La France a déclaré lundi suivre «avec grand intérêt» les événements à Cuba, alors que l'Italie a souhaité de «nouveaux gestes concrets» qui amélioreraient «l'image de Cuba» et «renforceraient le dialogue» entre La Havane et l'UE.

Ces deux pays n'ont fait aucun commentaire sur des informations de la presse espagnole affirmant qu'ils seraient prêts à accueillir certains prisonniers politiques cubains, à l'instar des États-Unis.