Les indiens d'Amazonie péruvienne ont demandé lundi une visite urgente du rapporteur spécial de l'ONU sur les indigènes, James Anaya, pour éviter un regain de tension avec l'Etat, qu'ils accusent de compromettre une loi sur le droit de consultation des peuples indigènes.

Le principal collectif d'Indiens amazoniens, l'Aidesep, a indiqué avoir écrit à M. Anaya vendredi, pour qu'«il résolve le manquement du gouvernement à ses obligations internationales au détriment des peuples indigènes», a déclaré à la presse Alberto Pizango, leader de l'Aidesep.

L'Aidesep accuse l'executif de traîner les pieds pour promulguer une loi, adoptée en mai, qui oblige l'Etat à consulter les communautés indigènes sur des projets -miniers notamment- les affectant directement.

La législation met le Pérou en conformité avec la Convention 169 de l'Organisation internationale du Travail (OIT), texte mondial de référence sur les droits indigènes.

Au lieu de promulguer la loi, l'exécutif l'a récemment renvoyée au Parlement -comme il en a le droit- pour des «clarifications» sur les «modalités» et «limites» de la consultation.

L'Aidesep estime que l'Etat veut avoir «les mains libres pour continuer d'octroyer des concessions» minières et pétrolières en Amazonie, et veut faire dire explicitement à la loi que les indiens n'ont, au final, pas droit de veto sur un projet d'investissement.

«Mais la loi n'établit pas de tel droit de veto», a plaidé l'avocat de l'Aidesep Javier Mujica.

L'organisation amérindienne a donc demandé l'intervention de James Anaya pour faire pression sur l'Etat qu'elle accuse d'«introduire une forme de discrimination et un concept raciste, générateurs de conflit», en refusant la consultation indigène ou en cherchant à la contourner.

Anaya était venu d'urgence au Pérou il y a un an pour faire la leçon au gouvernement péruvien dans la foulée des heurts entre policiers et indiens d'Amazonie qui avaient fait 34 morts à Bagua (nord), les violences les plus meurtrières en près de 20 ans dans ce pays.