Après la victoire de la droite en Colombie, dimanche, les yeux se tournent vers le Venezuela, où des élections législatives auront lieu en septembre. Le parti de Hugo Chavez pourrait perdre des plumes, sa popularité ayant souffert des pannes d'électricité, de la criminalité et de l'inflation galopante. Une offensive judiciaire contre l'opposition est en cours.

Pour la première fois depuis son élection en 1999, Hugo Chavez pourrait perdre le contrôle du pays. En septembre auront lieu des élections législatives que les sondages annoncent serrées, au moment où la cote de popularité du président Chavez est au plus bas depuis 2003.

 

«Les problèmes principaux sont la criminalité, l'inflation et, plus tôt cette année, les coupures d'électricité causées par la sécheresse, qui vidait les réservoirs hydroélectriques, explique Steve Ellner, politologue à l'Université de l'Est au Venezuela, en entrevue téléphonique. Les sondages sont très serrés et l'opposition pourrait très bien gagner. Mais ce ne sera pas à cause des thèmes chers à l'opposition - la liberté de la presse et les abus de pouvoir du président. La population n'est pas sensible à ces chicanes politiques.»

Hugo Chavez était au zénith de sa popularité en 2006, quand il a remporté la présidentielle avec 63% des voix. Il a par la suite perdu un référendum sur des réformes constitutionnelles et en a gagné un autre. L'opposition a remporté 46% des voix aux élections régionales de 2008. Selon la firme de sondage Datanalisis de Caracas, qui est très critique à l'égard du président Chavez à cause de ses attaques contre la liberté de la presse, la popularité du président a chuté de 60% à moins de 50% depuis un an, mais elle a atteint un plateau. «Les problèmes de base comme les coupures d'électricité sont responsables de cette chute», confirme Luis Vicente Leon, de Datanalisis, en entrevue téléphonique.

Attaques contre les médias

Depuis le début de l'année, le gouvernement vénézuélien a sévi contre deux chaînes de télévision de l'opposition. L'une d'entre elles, RCTV, a été retirée du câble parce qu'elle refusait de retransmettre en direct les discours du président.

Le propriétaire de l'autre chaîne, Globovision, fait l'objet d'un mandat d'arrêt pour «spéculation sur le prix des voitures» (on a trouvé 24 voitures identiques à son domicile) et pour avoir calomnié le pays à une rencontre de journalistes. «Le Venezuela a même demandé un mandat international à Interpol», explique Miguel Tinker Salas, historien du collège Ponoma, en Californie. «Je ne pense pas qu'on puisse exclure la possibilité qu'il y ait vraiment un crime derrière les accusations», complète le professeur, qui a attiré l'attention des autorités policières américaines en prenant la défense d'Hugo Chavez, selon le Huffington Post.

Steve Ellner, lui, souligne que Globovision est encore plus féroce que le réseau Fox dans sa dénonciation de la gauche. «Les animateurs prennent parfois en ondes des appels de gens qui suggèrent d'assassiner Chavez, dit M. Ellner. Ils les dénoncent mais en profitent pour souligner que c'est la preuve de l'insatisfaction de la population. Le climat est très malsain.»

Pour compliquer le tout, un débat fait rage chez les économistes entre critiques et partisans de Chavez. En 2008, un ancien directeur du bureau d'études économiques de l'Assemblée nationale vénézuélienne, Francisco Rodriguez, maintenant professeur à la Wesleyan University, au Connecticut, a affirmé dans la revue Foreign Affairs que les programmes sociaux chavistes n'avaient pas amélioré le sort des pauvres, du moins pas plus vite que d'autres pays comparables.

Depuis, de nombreux partisans de Chavez, dont l'économiste américain Mark Weisbrot, ont attaqué ses chiffres. «Je pense que M. Weisbrot a raison, dit le politologue Tinker Salas. Mais au fond, ce n'est pas tellement important parce que les pauvres du Venezuela ont l'impression que Chavez a changé leur vie.»