Le «chef de la diplomatie» du Vatican, Mgr Dominique Mamberti, était attendu mardi soir à La Havane pour une visite de quatre jours intervenant en pleine médiation de l'Église catholique auprès du président Raul Castro en vue de la libération de prisonniers politiques cubains.

Quelques jours jours après la première libération d'un prisonnier malade grâce à la médiation de l'Église cubaine, Mgr Mamberti, secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États, devait rencontrer mercredi matin le ministre cubain des Relations extérieures, Bruno Rodriguez, selon des sources au sein de l'Eglise.

Une rencontre du prélat français avec le général Raul Castro n'est pas exclue, selon cette source.

Mgr Mamberti fait officiellement une visite pour marquer le 75e anniversaire de l'établissement de relations entre le Vatican et Cuba qui ont connu une période difficile dans les années 1960 après que la Révolution eut déclaré l'île marxiste et athée.

Mais son séjour intervient alors que l'Église catholique de Cuba a ouvert le 19 mai un dialogue inédit avec le pouvoir communiste, sur la sellette depuis la mort fin février d'un prisonnier politique en grève de la faim.

Ajoutant aux pressions, le cyberjournaliste d'opposition Guillermo Farinas, 48 ans, observe depuis ce décès controversé une grève de la faim pour obtenir la libération de détenus politiques malades. Très amaigri, il est hospitalisé depuis mars à Santa Clara.

La médiation de l'Église a permis jusqu'à présent la libération d'Ariel Sigler, devenu paraplégique en prison, et le transfèrement 12 détenus dans la province où ils habitent.

Arrêté en 2003 avec 74 autres dissidents, dont 52 restent sous les verrous, Ariel Sigler, 46 ans, est le deuxième opposant à bénéficier d'une telle mesure d'élargissement depuis que Raul Castro a formellement succédé à son frère Fidel en février 2008.

Les dissidents espèrent d'autres libérations avec la visite de Mgr Mamberti, mais l'Église reste prudente.

«Tout ce processus donne de l'espoir, mais nous sommes prudents» sur son issue, a déclaré à l'AFP Jorge Serpa, évêque de Pinar del Rio.

Pour un diplomate étranger, «il y a une volonté de Raul Casto de réduire les tensions» après l'affaire Zapata, notamment avec l'Union européenne.

Encouragé par les premiers résultats de ce dialogue entre Cuba et l'Église, le chef de la diplomatie espagnole, Miguel Angel Moratinos, dont le pays assure jusqu'à fin juin la présidence tournante de l'Union européenne, a convaincu ses pairs lundi de reporter à septembre leur examen de la position commune qui conditionne depuis 1996 le dialogue de l'UE avec Cuba au respect des droits de l'homme.

M. Moratinos, qui avait obtenu de Cuba en octobre la libération d'un détenu politique, s'est dit convaincu que Raul Castro fera d'autres gestes qui permettront à l'UE de remplacer la position commune, qualifiée d'«ingérence» par La Havane, par la signature d'accords bilatéraux avec Cuba.

À La Havane, un diplomate européen a jugé «très positif» le dialogue en cours, mais averti que «cela n'était pas suffisant» pour abandonner la position commune.

Washington a également jugé «positif» ce dialogue et appelé à la libération «immédiate et inconditionnelle» de tous les prisonniers politiques cubains, au nombre de 200, selon la dissidence. Ceux-ci sont considérés par La Havane comme des mercenaires à la solde des États-Unis qui imposent depuis 48 ans un embargo à l'île.

Lors de la visite historique du pape Jean Paul II à Cuba en 1998, environ 300 prisonniers - politiques et de droit commun - avaient été libérés par Fidel Castro.