Un tribunal de Caracas a délivré un mandat d'arrêt à l'encontre de Guillermo Zuloaga, président de la chaîne de télévision privée Globovision, très critique contre le gouvernement du président Hugo Chavez, ont annoncé les services du procureur et les avocats du dirigeant.

«Des membres du Sebin (Services de renseignement vénézuéliens) se sont présentés à la résidence de Guillermo Zuloaga avec un mandat d'arrêt du tribunal à son encontre et à l'encontre de son fils», a déclaré l'avocate du président de Globovision, Perla Jaimes.

Zuloaga, 67 ans, et son fils n'étaient pas sur place au moment où les agents des services de renseignement s'y sont présentés vendredi, selon les mêmes sources.

Mme Luisa Ortega, producteur général, a expliqué à la presse que le mandat d'arrêt avait été émis dans le cadre d'une affaire d'usure présumée contre Zuloaga remontant à mai 2009. Elle porte sur le stockage irrégulier de 24 véhicules.

«Jusqu'à présent, aucun (des deux) n'a été appréhendé», a ajouté Mme Ortega. La responsable a précisé qu'une fois arrêtés, un juge décidera de l'opportunité de les maintenir en détention ou de les laisser en liberté conditionnelle.

Plusieurs procédures sont en cours contre le président de Globovision. Il y a quelques mois, le Parlement, dominé par le parti au pouvoir, avait demandé à la justice d'enquêter sur des déclarations récentes du PDG de Globovision, qui aurait lancé «de fausses accusations contre le gouvernement du président Hugo Chavez», au cours d'une réunion de la Société interaméricaine de presse (Sip) à Aruba (Antilles néerlandaises). Un tribunal avait en mars interdit à M. Zuloaga de sortir du pays et il risque cinq ans de prison dans cette affaire.

Un organisme groupant plusieurs mouvements d'opposition (Mesa de la Unidad Democratica - MUD), a protesté contre le mandat d'arrêt de vendredi.

«Il est démontré qu'au Venezuela, il n'y a pas d'indépendance des pouvoirs, valeur essentielle de la démocratie», a indiqué de son côté la Sip.

En janvier dernier, le gouvernement avait suspendu plusieurs chaînes de télévision, pour avoir dérogé à une série de nouvelles obligations, dont celle de diffuser les discours fleuve du président Chavez. Six mois plus tôt, l'autorité de contrôle de l'audiovisuel (Conatel) avait fait fermer une trentaine de radios sur la base d'irrégularités administratives.