Les avocats français de l'ancien homme fort du Panama Manuel Noriega ont saisi mardi le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) afin qu'il constate que la France ignore le statut de prisonnier de guerre qui lui avait été reconnu par les États-Unis.

Après 20 ans de détention aux États-Unis, le général Noriega a été extradé en France le 27 avril et placé en détention provisoire dans l'attente de son procès à Paris pour blanchiment. Dès son arrivée en France, ses avocats ont demandé que lui octroyé le statut de prisonnier de guerre.

Dans une lettre datée de mardi adressée au président du CICR, Mes Olivier Metzner et Yves Leberquier affirment que la France «refuse de reconnaître au général Noriega son statut de prisonnier de guerre en violation» de la Troisième convention de Genève sur la protection des prisonniers de guerre.

Ils sollicitent son intervention «afin que cesse cette violation du droit international humanitaire», écrivent-ils dans ce courrier que l'AFP a consulté.

Signée en 1949, cette convention prévoit que le CICR s'assure de son application par les signataires.

Le courrier est également envoyé en copie à la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton et au ministre américain de la Justice Eric Holder ainsi qu'au président français Nicolas Sarkozy et à ses ministres de la Justice et de la Défense Michèle Alliot-Marie et Hervé Morin.

Les avocats rappellent que la justice américaine a reconnu à Manuel Noriega le statut de prisonnier de guerre et a obtenu de la France des garanties sur le respect de ce statut une fois qu'il serait extradé en France.

«La convention de Genève stipule que ce statut, lorsqu'il est accordé, l'est jusqu'à rapatriement ou libération. À ma connaissance, Noriega n'est pas libre», a expliqué à l'AFP Me Meztner.

Selon le ministère français de la Justice, «M. Noriega ne bénéficie pas du statut de prisonnier de guerre». «Il est poursuivi sur notre territoire pour des infractions de droit commun, qui en outre n'ont pas été commises dans l'exécution de son service en tant que militaire».