L'attaque contre un convoi d'ONG mardi dans le sud du Mexique n'aura finalement fait que deux morts, une Mexicaine et un Finlandais, et les quatre personnes portées disparues s'étaient en fait réfugiées dans la montagne, a-t-on appris jeudi auprès des survivants.

Deux jeunes Mexicains d'une ONG locale sont sortis jeudi de la montagne où ils s'étaient réfugiés, et ont précisé que les deux autres «disparus», des journalistes, dont l'un est blessé et a perdu du sang, s'y cachaient encore.

«Les journalistes sont dans la montagne où nous nous sommes cachés» après l'embuscade», a déclaré à l'AFP David Vanegas, 26 ans, arrivé avec un autre survivant, Noé Bautista, 27 ans, à un point de rendez-vous proche du village de San Juan Copala où l'embuscade avait été tendue par un groupe d'hommes en cagoule, des «paramilitaires» selon les survivants.

Les deux journalistes, David Cilia et Erika Ramirez, de l'hebdomadaire mexicain Contralinea, proche de la mouvance altermondialiste, sont restés cachés dans la montagne car le jeune homme, photographe, a été légèrement blessé à une jambe, selon M. Vanegas.

Un hélicoptère de la police est parti à leur recherche jeudi après-midi, avec à son bord le père du blessé, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Au sol, les policiers n'étaient toujours pas entrés dans San Juan Copala, géré de manière autonome depuis 2007 par la communauté locale des Triquis, une ethnie d'environ 15.000 membres historiquement rebelle.

Un groupe armé, non identifié officiellement, bloque l'accès au village depuis le début de l'année, et c'est en raison de ce blocus que les habitants avaient lancé un appel à l'aide, demandant des vivres et des médicaments, que le convoi devait leur apporter.

Le secteur est secoué depuis des années par des conflits avec les autorités, mais aussi au sein même de la communauté triqui, divisée désormais en formations politiques rivales. Les habitants font état de 150 morts depuis 10 ans.

Le gouverneur de l'Etat de Oaxaca, Ulises Ruiz, avait déclaré mercredi à la presse que ses services n'avaient pas été informés de l'initiative de convoi humanitaire.

Mercredi, plusieurs voitures ont fait demi-tour avant de parvenir aux abords: les policiers qui les précédaient dans un véhicule de patrouille avaient fait état de coups de feu depuis la montagne.

Le jeune humanitaire finlandais Jyri Jaakola, tué dans l'embuscade avec une militante mexicaine, Alberta Carino, est mort en sauvant la vie d'une compatriote, a déclaré celle-ci jeudi à l'AFP.

«Il m'a fait un rempart de son corps contre les balles», a expliqué Meri Marjaana Mononen, de l'ONG «Union finlandaise pour la paix», qui se trouvait dans la même voiture que lui.

«Quand je m'en suis rendue compte, il était blessé, immobile, tout un côté en sang, et je tentais de le bouger quand une autre rafale l'a touché», a-t-elle ajouté à son retour à Oaxaca.