Une Mexicaine et un Finlandais ont été tués mardi dans le sud du Mexique, lors de l'attaque d'un convoi d'ONG par un commando d'inconnus encagoulés, à l'entrée d'un village proclamé «autonome» par sa communauté indigène.

Les assaillants - «des paramilitaires» - auraient également enlevé trois membres du convoi, dont deux journalistes mexicains, selon l'organisation politique locale Voces Oaxaquenas construyendo Autonomia y Libertad («Les voix de Oaxaca pour l'autonomie et la liberté»).

Une autre Mexicaine a été blessée dans l'attaque, selon des survivants.

Les deux victimes, Alberta Carino, de l'association de développement local «Cactus», et Tyri Antero Jaakkola, de l'ONG finlandaise Uusi Tuuli Ry («Vent nouveau»), faisaient partie d'une équipe internationale d'observateurs venue dans la région de San Juan Copala, près de Oaxaca.

Des militants italiens, belges et allemands participaient aussi au convoi, selon les représentants des organisations locales.

La communauté indigène des Triquis, une ethnie d'environ 15 000 membres historiquement rebelle, a autoproclamé en 2007 «l'autonomie» de ce village d'une zone montagneuse et pauvre de l'État d'Oaxaca, dans le sud du Mexique.

Des mouvements autonomistes sont actifs dans cette région depuis des années, et San Juan Copala, devenu leur symbole, est secoué depuis 2007 par des troubles, non seulement avec les autorités, mais aussi au sein même de la communauté triqui, divisée en formations politiques rivales.

«Notre cortège s'est arrêté quand nous avons vu un barrage dressé par une trentaine d'hommes en vêtements civils mais encagoulés, armés de fusils d'assaut; et nous avions à peine commencé à faire marche arrière que les rafales ont éclaté», a expliqué au téléphone à l'AFP un survivant, Ruben Valencia, de l'ONG mexicaine Vocal, qui milite pour l'autodétermination des communautés indigènes.

Tyri Antero Jaakkola, un Finlandais d'environ 25 ans, arrivé depuis trois mois à Oaxaca pour travailler au sein de Vocal, a été la première victime des tirs, a-t-il ajouté.

Alberta Carino, 35 ans, du «Centre de soutien communautaire Travaillons unis» (Cactus), a été tuée elle aussi, a confirmé à l'AFP son mari, Omar Esparza.

Trois journalistes et un autre militant de Vocal sont portés disparus, enlevés par les assaillants ou restés cachés depuis l'attaque.

Deux des journalistes, David Cilia et Erika Ramirez, collaborent à Contraliena, un hebdomadaire mexicain proche de la mouvance altermondialiste, selon le père de David, universitaire à Mexico. Le troisième travaille pour une agence de presse de la région.

«Nous avons couru hors de nos voitures et nous nous sommes cachés dans la montagne. Nous avons pu nous échapper du secteur pendant la nuit», pour rejoindre un village voisin, a expliqué M. Valencia.

«Nous avons couru en hurlant dans la montagne, ils nous chassaient comme des lapins», témoigne un des survivants, anonymement, dans le quotidien local El Tiempo.

«Nos voitures portaient des banderoles annonçant que nous formions un convoi humanitaire, et malgré cela, ils n'ont rien respecté», a poursuivi M. Valencia.

«Nous apportions de la nourriture et des médicaments dans ce village très isolé par des conflits internes, qui avait lancé un appel il y a deux jours aux organisations d'assistance», a-t-il souligné.

Les autorités locales n'ont confirmé que la blessure et l'hospitalisation d'une jeune Mexicaine de 22 ans.

Elles «déplorent» l'assaut et ont annoncé l'ouverture d'une enquête, tout en précisant qu'elles n'avaient pas été informées du déplacement de cette délégation internationale.