La Cour suprême de justice argentine a déclaré anticonstitutionnelle la grâce accordée en 1990 à l'ancien dictateur Jorge Videla, reconnu coupable de violations des droits de l'homme sous le régime militaire (1976-1983), a-t-on appris mardi de source judiciaire.

Videla, 84 ans, avait été condamné à la réclusion à perpétuité lors d'un procès historique de la junte militaire en 1985, avant d'être amnistié cinq ans plus tard par l'ancien président Carlos Menem.

En 2007 un tribunal avait déjà annulé cette grâce et cette annulation avait été confirmée en appel en juin 2009.

La Cour suprême était l'ultime recours de l'ancien dictateur, incarcéré depuis octobre 2008 dans l'enceinte d'un régiment près de Buenos Aires.

«L'État doit poursuivre, enquêter et sanctionner de manière idoine les responsables de délits constituant de graves violations des droits de l'homme», estime la plus haute instance judiciaire argentine dans son jugement, selon le centre d'information judiciaire.

Videla, qui instaura en 1976 un régime tenu pour responsable de la mort ou la disparition de 30 000 personnes par les organisations des droits de l'homme, doit être jugé à partir du 20 septembre à Buenos Aires pour 33 vols présumés de bébés d'opposants, a indiqué lundi la justice.

Un autre procès pour la torture et le meurtre de 32 prisonniers politiques à Cordoba, localité du centre du pays, l'attend à une date indéterminée.

Il est aussi poursuivi pour sa participation au Plan Condor, opération mise sur pied par les dictatures d'Argentine, du Chili, du Paraguay, du Brésil, de Bolivie et d'Uruguay pour éliminer leurs opposants dans les années 70.

La Cour suprême a également annulé la grâce accordée en 1990 à l'idéologue de la dictature, José Martinez de Hoz.

En tant que ministre de l'Économie, il fut l'artisan d'une politique ultralibérale d'ajustement, responsable de la faillite de nombreuses entreprises, d'une désindustrialisation accélérée du pays et d'une forte hausse du chômage.