L'Église argentine est montée au créneau mercredi contre un projet de loi visant à légaliser le mariage homosexuel dans ce pays très majoritairement catholique, jugeant qu'il était contraire «aux principes de la loi naturelle».

Le parlement doit étudier, probablement la semaine prochaine, une proposition de réforme du code civil qui ferait de l'Argentine le premier pays latino-américain à autoriser les mariages entre deux personnes du même sexe, imitant ainsi la ville de Mexico qui a joué les pionnières en décembre.

Il devrait être appuyé par une majorité de députés, selon des sources parlementaires.

Si la réforme était adoptée, «l'État agirait de manière erronée et entrerait en contradiction avec ses propres devoirs, en modifiant les principes de la loi naturelle et de l'ordre public de la société argentine», estime l'Assemblée des évêques de l'Eglise catholique argentine dans un communiqué.

«L'union de personnes du même sexe est dépourvue des éléments biologiques et anthropologiques du mariage et de la famille», ajoute-t-elle.

Sans attendre l'éventuelle réforme du code civil, Alex Freyre et José Maria Di Bello ont été les premiers homosexuels à se marier en Amérique latine le 28 décembre en Terre de feu (sud), avant d'être imités par trois autres couples gays ou lesbiens.

Une bataille juridique s'en est suivie. Des juges ont tenté d'annuler ces actes au motif que l'article 172 du Code civil ne prévoit pas le mariage entre personnes du même sexe, mais dans au moins un cas cette décision a été cassée par un autre magistrat.

«Ils sont en train d'être écrasés par l'Histoire», a dit à l'AFP Alex Freyre en référence aux évêques qui s'en prennent au mariage homosexuel. Leurs sermons «trouvent de moins en moins d'écho chez les gens», a-t-il ajouté.

Di Bello, âgé de 41 ans, a lancé une campagne pour convaincre un maximum de gens de renoncer à leur baptême (apostasie) pour protester contre l'attitude de l'Eglise vis-à-vis de la communauté homosexuelle, contre les cas de pédophilie et la position de l'Eglise sur l'avortement, a souligné Freyre.

«En Argentine, l'Église est subventionnée par l'État», a dit Freyre. «Le montant de la subvention est en rapport avec le nombre des baptisés. Tous ceux qui sont contre ces attitudes de l'Église devraient donc renoncer à leur baptême et dire: "Pas en mon nom"».