Des partisans du Front sandiniste au pouvoir au Nicaragua ont assiégé mercredi pour la deuxième journée consécutive le Parlement de Managua, interdisant l'accès aux députés de l'opposition libérale qui veulent annuler un décret controversé du président Daniel Ortega.

Des manifestants masqués ont lancé des pétards contre l'édifice, tandis qu'ils avaient dressé des barrages sur la voie d'accès à l'aide de voitures et de bus installés en travers de la chaussée, ont constaté des journalistes de l'AFP. Trois députés d'opposition avaient été légèrement blessés la veille dans des incidents comparables.

Des députés ont dénoncé mercredi avoir été «séquestrés». «Des foules pro-Ortega ont retenus dix-huit députés d'opposition pendant plusieurs heures dans un bureau» du siège du parti Mouvement Vamos con Eduardo, a dit à l'AFP Perla Ramirez, porte-parole de la formation de l'ancien candidat à l'élection présidentielle, Eduardo Montealegre.

Les manifestants ont lancé des pétards, des pierres contre le bureau, et deux fourgonnettes ont été incendiées, a-t-elle ajouté.

Le président Ortega, un des membres de la gauche radicale latino-américaine aux côtés du vénézuélien Hugo Chavez, n'a pas réagi aux incidents.

Le Parlement veut discuter d'une proposition de loi de l'opposition qui veut annuler un décret de M. Ortega prolongeant les mandats de quelque 25 hauts magistrats et fonctionnaires, en attendant la nomination de leurs remplaçants.

Le décret est «illégal», fait valoir l'opposition, qui affirmait mardi disposer des 47 suffrages nécessaires pour annuler le décret au Parlement.

La Cour suprême a autorisé en octobre M. Ortega à briguer un deuxième mandat consécutif en 2011, interdit par la Constitution. Elle a invoqué le principe d'égalité des citoyens devant la loi, car les parlementaires ont le droit d'enchaîner deux mandats.

«Ce qu'ils (les manifestants, ndlr) révèlent, c'est leur peur que la majorité soit au pouvoir (...), peur que nous disions +non+ à la réélection», a commenté, depuis le siège de son parti, un des chefs de l'opposition, le député libéral Eduardo Montealegre.

«Qu'on laisse siéger le Parlement, qu'on respecte la démocratie», a protesté à ses côtés un député sandiniste dissident, Victor Hugo Tinoco.

Interdits d'accès au Parlement, les députés de l'opposition avaient fini mardi par siéger dans un hôtel, contre lequel des manifestants pro-Ortega ont lancé cailloux et pétards artisanaux, mais cette initiative n'a pas été renouvellée mercredi. Une majorité de parlementaires sont restés au siège de leur parti.