Le président mexicain Felipe Calderon et l'ambassadeur des États-Unis au Mexique devaient afficher mardi à Ciudad Juarez (nord) un front uni entre les deux pays face aux cartels de la drogue qu'ils accusent du meurtre d'un couple d'Américains.

L'arrivée de l'ambassadeur Carlos Pascual à l'aéroport de Mexico a été retransmise en direct par plusieurs radios et les sites internet des grands quotidiens mexicains. Mais la présidence mexicaine a refusé pour l'instant de confirmer la présence de l'ambassadeur au côté de M. Calderon.

La visite du président mexicain à Ciudad Juarez, la ville du pays enregistrant le plus grand nombre de meurtres, à la frontière du Texas aux États-Unis, était déjà prévue après le massacre d'une quinzaine de jeunes gens pendant une fête en janvier.

Mais sa venue a pris un nouveau relief avec les meurtres samedi d'une employée américaine du consulat local, de son mari américain et de l'époux mexicain d'une autre collaboratrice du consulat, qui pourraient constituer un défi à la lutte antidrogue américano-mexicaine.

Mexico et Washington ont accusé le gang des «Aztecas» (Aztèques), des hommes de main du grand cartel de la drogue mexicain dit «de Juarez», d'être derrière ces homicides.

De telles attaques simultanées contre des représentants officiels des États-Unis sont sans précédent au Mexique, et Washington veut «déterminer si les victimes ont été délibérément visées».

Le FBI, le Bureau d'enquêtes américain, a envoyé des agents sur place à Ciudad Juarez pour collaborer aux investigations.

Pour Washington, il est important de «déterminer si les victimes ont été délibérément visées», ce qui manifesterait la volonté des trafiquants de provoquer à la fois les États-Unis et le gouvernement mexicain.

Washington et Mexico collaborent étroitement dans la lutte contre les cartels de la drogue. Le programme antidrogue américain dit de «l'Initiative de Merida» a notamment prévu une aide technique et financière de l'ordre de 1,4 milliard de dollars pour Mexico.

M. Calderon arrive en terrain brûlant à Ciudad Juarez, où les associations civiles luttant contre la criminalité réclament à son gouvernement des mesures efficaces pour la sécurité d'une population excédée par les tueries attribuées aux cartels de la drogue.

Avec plus de 2 600 meurtres en 2009, Ciudad Juarez, une ville de 1,3 million d'habitants, est le principal théâtre de la guerre entre les cartels pour le contrôle du trafic de drogue et l'approvisionnement de l'énorme marché des États-Unis, premier consommateur mondial de cocaïne.

Dans l'ensemble du Mexique, ces affrontements ont fait plus de 15 000 morts ces trois dernières années, en dépit du déploiement de plus de 50 000 militaires pour appuyer la police.

Le consulat américain de Ciudad Juarez est fermé mardi «pour revoir le dispositif de sécurité».

Et Washington, où le président Barack Obama s'est dit «scandalisé» par les meurtres de samedi, a autorisé le rapatriement de tous les membres américains des familles du personnel consulaire le long de la frontière commune, soit plus de 3.000 km de la Californie au Texas.