Les Colombiens ont voté dimanche pour renouveler leur Congrès, sans que la guérilla des FARC ne perturbe le scrutin qui pourrait toutefois être entaché d'importants achats de votes financés par le narcotrafic, selon des observateurs électoraux.

Les bureaux de vote ont fermé à 16H00 après avoir été ouverts pendant huit heures pour permettre à 29,8 millions d'électeurs d'élire leurs 102 sénateurs, 166 députés et cinq représentants au Parlement des pays andins.

Bien que la guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes) reste présente sur environ 50% du territoire, elle n'a pas pu perturber le scrutin.

«Aucun incident d'ordre public n'a porté atteinte au processus électoral», a déclaré lors d'une conférence de presse le responsable de la sécurité des citoyens au sein de la police, le général Orlando Páez Barón.

«Depuis 25 ans, ce sont les élections les plus tranquilles que l'on ait vécues sur le territoire national», a-t-il même affirmé.

Au petit matin des combats ont toutefois été rapportés entre l'armée et la guérilla, dans le département de Cauca, situé au sud-ouest du territoire colombien, au cours desquels un militaire a été tué. Mais dans le reste du pays, la police a pu déjouer plusieurs tentatives d'attentat à la bombe.

En revanche, l'Organisation des États américains (OEA) et la Mission d'observation électorale colombienne ont rapporté d'importants achats de voix.

«L'aspect le plus délicat (...) n'a pas été la violence mais l'achat de voix», a déclaré à l'AFP le chef de la mission d'observation de l'OEA, Enrique Correa en jugeant «inquiétantes» ces informations.

À Magangué, dans le département de Bolivar (nord), les voix se payaient au sein même du bureau de vote, a-t-il encore déclaré à l'AFP.

La Mission d'observation électorale colombienne (MOE) a pour sa part dénoncé «l'achat massif de suffrages», selon un membre de son comité de direction, Pedro Santana.

Les départements les plus touchés, a-t-il précisé, se situent dans le nord-ouest du pays, là où les milices paramilitaires d'extrême-droite avaient le plus d'influence avant leur dissolution entre 2003 et 2006.

Le vote sous la menace s'est transformé «en vente massive de voix, financée par le narcotrafic», a assuré Pedro Santana à l'AFP, en estimant que les auteurs de ces irrégularités agissaient pour le compte d'anciens paramilitaires.

Le Congrès sortant était dominé par une coalition de droite (72 sénateurs et 103 députés) dont l'image avait justement été ternie par les liens entre paramilitaires et au moins 83 élus, pour la plupart appartenant à la majorité qui a porté l'actuel président Alvaro Uribe au pouvoir.

Ces élus sont toujours visés par des enquêtes judiciaires pour les accords passés, en particulier avec les «Autodéfenses unies de Colombie» (AUC, démobilisées entre 2003 et 2006).

Les candidats obtenaient le soutien de paramilitaires qui, dans leur zone d'influence, imposaient le candidat de leur choix, y compris par la force, pour s'assurer plus tard le contrôle du territoire visé.

En dépit de ce scandale, la campagne électorale menant à ces élections s'est déroulée presque sans débat, paralysée par l'incertitude sur la candidature du président sortant, encore très populaire et qui se serait posé en chef naturel de la majorité conservatrice.

Le 26 février, la Cour constitutionnelle a écarté la possibilité d'un troisième mandat de M. Uribe, laissant la majorité sans leader à l'approche de la présidentielle, dont le premier tour est prévu le 30 mai.

Selon les analystes, les Colombiens pourraient cependant décider de maintenir la droite au pouvoir, pour marquer leur adhésion à la politique de fermeté vis-à-vis de la guérilla.

Les difficultés économiques -14% de taux de chômage- et la multiplication en 2009 de scandales de corruption, pourraient cependant renforcer la gauche.

Les résultats officiels sont attendus après 22H00.