Le chef de l'ONU Ban Ki-moon a appelé à la solidarité internationale avec le Chili, lors d'une visite dans ce pays frappé il y a six jours par un séisme et tsunami qui auraient fait plus de 800 morts, et encore secoué vendredi par trois fortes répliques.

M. Ban, en visite pour deux jours, a appelé la communauté internationale à manifester «une générosité aussi grande» envers le Chili que «l'extraordinaire générosité» dont ce pays avait fait preuve en janvier envers Haïti frappé par un séisme ayant fait plus de 225 000 morts.

Le Chili avait été l'un des tout premiers pays à envoyer des secouristes sur l'île caribéenne.

L'ONU, a annoncé son secrétaire général, va octroyer 10 millions de dollars d'aide d'urgence au Chili, via son Fonds de réponse d'urgence aux catastrophes.

La présidente Michelle Bachelet, qui finit son mandat dans six jours, a indiqué que 35 pays ont déja répondu à des demandes d'aide spécifique du Chili.

Samedi, M. Ban doit visiter Concepcion et le port de Talcahuano dévasté par le tsunami.

Quelques heures avant son arrivée, trois secousses de magnitude 6,2, 6,6 puis 6,0 en l'espace de deux heures et demie ont semé un début de panique à Concepcion, la deuxième ville du pays, sinistrée par le séisme du 27 février.

Les répliques n'ont provoqué ni «victimes ni dégâts», a rassuré le Bureau national des urgences (Onemi). Mais des journalistes de l'AFP ont vu des bâtiments endommagés s'effondrer complètement à Concepcion.

Vendredi, un Téléthon d'artistes et sportifs chiliens tentait de récolter environ 30 millions de dollars pour deux millions de sinistrés.

Après une polémique sur l'absence d'alerte claire au tsunami samedi, le chef du Service d'hydrographie et d'océanographie de la Marine chilienne, Mariano Rojas, a été limogé.

«Une enquête sur les circonstances du processus de prise de décision» sera ouverte, a annoncé la Marine. Elle avait reconnu dès le lendemain de la catastrophe «une erreur de diagnostic».

Les vagues géantes ont été plus meurtrières que le séisme de magnitude 8,8, l'un des plus violents depuis un siècle.

Séisme et tsunami ont fait 802 morts, selon un dernier bilan officiel qui pourrait être revu à la baisse, en raison de 200 disparus ayant pu être comptés parmi eux.

Pour cette raison le gouvernement ne communique plus qu'une liste de «morts pleinement identifiés», passée de 279 jeudi à 452 vendredi.

Un «deuil national» de trois jours, décrété par Mme Bachelet sera observé à partir de dimanche. Les Chiliens ont été invités à accrocher des drapeaux aux maisons.

Sur des villes de la côte, des feux de signalisation rallumés, une cabine téléphonique qui marche, des commerçants dépliant leurs étals de fruits, sont le signe d'un lent retour à la normale.

Des milliers de Chiliens dorment encore sous des tentes.

L'acheminement de l'aide s'est amélioré avec 250 000 repas chauds livrés par jour dans le Maule et Bio Bio, régions les plus dévastées, sous la vigilance de 14 000 militaires.

Les applaudissements au passage des soldats témoignaient du chemin parcouru par l'armée 20 ans après la fin de la dictature militaire d'Augusto Pinochet.

«Ce sont de jeunes soldats nouveaux, ils n'ont rien à voir avec les années Pinochet», expliquait Dermis Godoy, 28 ans, devant un supermarché pillé.

Après des pillages pendant les 48 heures suivant le séisme, «le pays a retrouvé l'ordre», a affirmé Patricio Rosende, vice-ministre de l'Intérieur.

Mais 327 personnes ont encore été interpellées entre jeudi et vendredi, dont 216 pour violation des couvre-feux nocturnes en vigueur dans plusieurs villes.

Mme Bachelet a annoncé une passation de pouvoir «très austère et très simple» le 11 mars avec son successeur Sebastian Pinera.

Selon un physicien de l'Institut de géophysique américain (USGS), la puissance du séisme du 27 février est telle que les répliques vont se poursuivre pendant des mois, voire des années.