Le Chili accélérait mercredi la distribution de l'aide aux sinistrés du séisme, encadrée par le déploiement de 14 000 militaires, pour secourir une population démunie qui doit parfois s'armer pour empêcher les pillages.

Le centre du pays, en particulier une frange de littoral de quelque 200 km, poursuivait les recherches de disparus, alors que le bilan du tremblement de terre et, surtout, du tsunami qui a suivi s'est alourdi à près de 800 morts.

Sept villes ont passé la nuit sous couvre-feu, après l'extension de cette mesure d'exception à Curico, Molina et Sagrada Familia, à 200 km au nord de l'épicentre du séisme de magnitude 8,8 du 27 février.

À Concepcion, la deuxième ville du Chili, le couvre-feu a été prolongé jusqu'à midi après la multiplication de scènes de pillage, alors que des milliers de personnes s'organisaient en groupes d'autodéfense.

Le déploiement de 14 000 militaires, annoncé mardi par la présidente Michelle Bachelet dans les régions centrales du Bio Bio (Concepcion) et du Maule, devait permettre d'accélérer la distribution de l'aide.

Mme Bachelet a condamné le fait que «des gens soient obligés d'organiser leur propre défense pour protéger le peu de biens qu'ils possèdent encore».

«Les voyous ont pris le contrôle de la ville. Aujourd'hui, nous n'avons plus peur des tremblements de terre, nous avons peur des criminels», a déclaré Marcelo Rivera, maire de Hualpen, près de Concepcion.

Il a demandé aux militaires de ne pas hésiter à ouvrir le feu. «S'ils doivent tuer, qu'ils tuent», a-t-il dit.

Le président élu, Sebastian Pinera, qui succède le 11 mars à Mme Bachelet, a aussi jugé que les troubles n'avaient fait «qu'aggraver une situation déjà catastrophique».

Il a annoncé que son futur gouvernement «étudiait l'extension de la zone de catastrophe à davantage de régions, pour résoudre plus vite et plus efficacement les questions d'ordre public, d'eau, d'électricité».

Les secours se sont réellement activés mardi avec des ponts aériens, des soupes populaires, des camions de vivres, des rations d'eau distribuées à partir de camions-citerne de 5.000 litres.

«Le réseau de distribution est opérationnel et le gros de l'aide a commencé», a déclaré la directrice du Bureau national des urgences, Carmen Fernandez, annonçant 5.000 premiers logements d'urgence livrés mardi.

À Santiago, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton a apporté mardi une vingtaine de téléphones satellitaires, en réponse à un besoin urgent. «C'est tout ce que nous pouvions emporter dans l'avion tout de suite», s'est-elle excusée.

Les États-Unis doivent également envoyer des ponts mobiles, des systèmes de purification d'eau, un hôpital de campagne, des générateurs et des appareils de dialyse.

Mais des milliers de Chiliens ont passé une nouvelle nuit à camper ou dans la rue, autour de feux. Selon les données officielles, le séisme et le tsunami ont détruit un demi-million d'habitations.

La frange littorale aux stations balnéaires dévastées peine encore à évaluer le bilan humain et matériel.

«Le tsunami a affecté 200 km de côte, et par endroits s'est avancé jusqu'à 2 km à l'intérieur des terres», a déclaré à l'AFP le général Bosco Pesse, responsable des secours dans la région du Maule.

À Constitucion, une ville de 45.000 habitants dont des quartiers entiers ont été rasés, militaires et plongeurs poursuivaient la quête de disparus, qui seraient au nombre de 250 sur la zone.

Dans les files d'attente pour la distribution de l'aide, beaucoup portaient des masques. L'odeur de la mort était omniprésente, annonçant de prochaines découvertes macabres.