Le leader cubain Fidel Castro a assuré lundi que jamais Cuba «n'a ordonné l'assassinat d'un adversaire», en référence à la mort il y a une semaine du prisonnier politique Orlando Zapata alors que la télévision cubaine a dénoncé une «campagne de diffamation» contre Cuba.

Des dissidents et la mère de Zapata ont mis en cause le gouvernement de Raul Castro, frère et successeur de Fidel à la tête de l'État, dans la mort de Zapata le 23 février dans un hôpital de La Havane des suites d'une grève de la faim de deux mois et demi pour protester contre ses conditions de détention.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, dont la visite la semaine dernière a coïncidé avec cette affaire, «sait depuis longtemps que dans notre pays jamais personne n'a été torturé, jamais on n'a ordonné l'assassinat d'un adversaire, jamais on n'a menti au peuple», écrit Fidel Castro, 83 ans, dans un billet lu à la télévision nationale.

«Certains envieux de son prestige et de sa gloire, et pire encore, ceux qui sont au service de l'empire (américain), l'ont critiqué pour sa visite à Cuba. Ils se sont servis pour cela des viles calomnies qui circulent depuis un demi-siècle contre Cuba», a estimé le père de la Révolution cubaine de 1959 sans jamais évoquer explicitement cette affaire.

Peu après la lecture du billet de Fidel Castro, la télévision nationale a diffusé son premier reportage sur la mort de Zapata qui montre des interviews de médecins cubains assurant avoir tout fait pour sauver la vie de l'opposant.

Des images prises avec une caméra cachée montrent la mère de Zapata, Reina Luisa Tamayo, qui remercie les médecins pour leur «préoccupation pour sauver» son fils. Mme Tamayo, qui réside dans l'est de Cuba, était injoignable lundi soir par téléphone.

La télévision cubaine a dénoncé une «campagne de diffamation» contre Cuba voulant faire croire, selon elle, que les autorités cubaines «n'ont pas prêté une attention médicale à Zapata».

«Cela montre bien comment nos autorités tentent de discréditer les gens, avec des caméras cachées. Elle le font même parfois avec leurs fonctionnaires et ministres», a déclaré à l'AFP Elizardo Sanchez, porte-parole de la Commission pour les droits de l'Homme, une organisation dissidente illégale mais tolérée par le pouvoir.

Ce reportage diffusé une semaine après la mort de ce «prisonnier de conscience» adopté par l'organisation Amnesty International montre la préoccupation» du gouvernement cubain sur les répercussions que cette affaire pourrait avoir, a ajouté cet ancien prisonnier politique.

La mort de Zapata a suscité la consternation aux États-Unis et en Europe qui ont réclamé la libération de tous les prisonniers politiques cubains, au nombre de 200 selon la dissidence.

Le président Raul Castro avait déclaré la semaine dernière «regretter» la mort de Zapata mais assuré que le maçon noir, victime selon sa mère et des dissidents de mauvais traitements en prison, «n'avait pas été torturé».

Après la mort de Zapata, deux prisonniers politiques cubains ont entamé une grève de la faim, ainsi que l'opposant Guillermo Farinas qui refuse également de boire tout liquide et se trouve dans un état «préoccupant» à son domicile de Santa Clara (centre), selon la dissidence. Ce dernier réclame la libération des prisonniers politiques malades.

Seul pays du continent dirigé par un parti unique, communiste, Cuba nie détenir des prisonniers politiques, affirmant que les dissidents sont des «mercenaires» à la solde des États-Unis qui lui imposent depuis 48 ans un embargo.