Deux des cinq opposants cubains ayant entamé une grève de la faim après la mort du prisonnier politique Orlando Zapata la semaine dernière ont décidé d'abandonner leur jeûne de protestation, a annoncé lundi à l'AFP la Commission cubaine pour les droits de l'Homme.

Incarcérés depuis 2003 dans la région de Pinar del Rio (ouest), Diosdado Gonzalez, 47 ans et Eduardo Diaz, 58 ans, qui refusaient de s'alimenter depuis le lendemain de la mort mardi dernier de Zapata des suites d'une grève de la faim de deux mois et demi, ont «décidé d'abandonner leur jeûne à la demande de dissidents», a déclaré à l'AFP Elizardo Sanchez, porte-parole de la Commission, une organisation illégale mais tolérée par le pouvoir cubain.

Fidel Suarez, 49 ans et Nelson Molinet, 45 ans, également incarcérés depuis 2003 dans cette région occidentale et considérés comme des «prisonniers de conscience» par Amnesty International, continuaient lundi leur grève de la faim tout comme l'ancien prisonnier politique et journaliste indépendant Guillermo Farinas, 48 ans, depuis son domicile de Santa Clara (centre).

L'état de santé de M. Farinas, qui refuse également de boire tout liquide et souffre de déshydratation, est «très préoccupant», selon M. Sanchez qui dit lui avoir demandé de cesser cette grève de la faim et de la soif.

M. Farinas réclame la libération des prisonniers politiques malades.

Considéré comme un «prisonnier de conscience» par Amnesty, Orlando Zapata est décédé le 23 février à l'âge de 42 ans dans un hôpital de La Havane après une grève de la faim de deux mois et demi pour protester contre ses conditions de détention.

Seul pays du continent dirigé par un parti unique, communiste, Cuba nie détenir des prisonniers politiques (200 selon la dissidence), affirmant que les dissidents sont des «mercenaires» à la solde des États-Unis qui lui imposent depuis 48 ans un embargo.

Fidel Castro réagit

Le dirigeant historique cubain Fidel Castro a assuré lundi que jamais Cuba «n'a ordonné l'assassinat d'un adversaire», dans une référence implicite à la mort mardi dernier du prisonnier politique cubain Orlando Zapata.

Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, dont la visite la semaine dernière a coïncidé avec cette affaire, «sait depuis longtemps que dans notre pays jamais personne n'a été torturé, jamais on n'a ordonné l'assassinat d'un adversaire, jamais on n'a menti au peuple», écrit l'ancien président cubain, 83 ans, dans un billet lu à la télévision nationale.

Les dissidents ont accusé le gouvernement de Raul Castro, frère et successeur de Fidel à la tête de l'Etat communiste, d'être responsable de la mort de Zapata mardi dernier à l'âge de 42 ans dans un hôpital de La Havane des suites d'une grève de la faim de deux mois et demi.