Le tremblement de terre qui a secoué le Chili a frappé les plus pauvres de la société. Or, le pays sera sous peu dirigé par un gouvernement de droite, ce qui suscite certaines appréhensions.

Professeur à l'UQAM, José del Pozo est actuellement en année sabbatique au Chili, son pays natal. À la suite du tremblement de terre, une chose le frappe: ce sont les pauvres qui ont souffert du séisme.

 

«L'ampleur des dégâts est très inégale selon la situation sociale de chacun», a-t-il dit, hier, lors d'un entretien téléphonique.

José del Pozo et sa femme habitent dans un appartement loué au huitième étage d'un immeuble du quartier Providencia, à Santiago. «L'immeuble où nous habitons a très bien résisté au tremblement de terre parce qu'il a été construit selon les normes antisismiques», a dit M. del Pozo, qui enseigne l'histoire de l'Amérique latine.

Le Longueuillois s'est promené dans Santiago ce week-end. Il n'a constaté pratiquement aucun dommage dans la haute ville, qui regroupe les beaux quartiers. «L'eau, l'électricité, le gaz: tout fonctionne», a-t-il dit.

La situation est tout autre dans les quartiers les plus pauvres. «Beaucoup d'immigrants péruviens habitent dans des maisons de fortune, a-t-il expliqué. Ils ont perdu à peu près tout ce qu'ils avaient et doivent passer la nuit à la belle étoile.»

La situation est semblable dans les autres villes touchées par le séisme. Ce sont surtout les maisons des moins nantis qui ont cédé aux secousses.

Changement de régime

Le président élu, Sebastian Pinera, devra gérer un important programme de reconstruction après sa prestation de serment, qui aura lieu le 11 mars. Candidat de la droite modérée, il a été élu le 17 janvier pour succéder à Michelle Bachelet. Son arrivée met un terme à 20 ans de gouvernement de centre gauche depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet.

Selon M. del Pozo, les Chiliens voyaient très peu de différences entre son programme et celui du candidat de centre gauche. «Avec le séisme, on verra s'il y a une réelle différence entre la droite et la gauche: est-ce que le nouveau président va porter attention aux couches les plus pauvres?»

José Patricio Raggo, Montréalais d'origine chilienne, avait déjà une réponse à offrir.

«Pinera est entrepreneur multimillionnaire. Il va prendre soin des riches et des infrastructures, mais je doute qu'il s'occupe des pauvres», a dit M. Raggo, qui s'est établi au Québec dans les années 70.