Les autorités sont responsables de près des deux tiers des agressions de journalistes en 2009 au Mexique, un des pays les plus dangereux au monde pour la profession, 6,15% seulement étant le fait du «crime organisé», ont affirmé mercredi deux ONG.

244 journalistes ont été agressés en 2009 au Mexique, dont onze ont été tués, selon une étude présentée à Mexico par deux organisations de défense de la liberté d'expression, le Centre national de communication sociale mexicain (Cencos), et Article 19, d'origine britannique.

«On pensait que c'était le crime organisé qui avait fait du Mexique le deuxième pays le plus dangereux pour l'exercice du journalisme, mais il apparaît que 65,5% des agressions sont commises par des fonctionnaires publics», a commenté Ricardo Rafael, du Cencos, au cours d'une conférence de presse.

Concernant ces 65,5%, «la responsabilité dans six cas sur dix incombe aux forces de sécurité elles-mêmes», a précisé la directrice du Cencos, Brisa Solis.

Le «crime organisé», autrement dit les cartels de la drogue, ne sont présumés responsables que de 6,15% des attaques de journalistes, d'après l'étude.

Outre les 11 journalistes tués, deux ont disparu, et 109 ont subi des agressions physiques ou matérielles, selon l'étude. Vingt-trois ont été arrêtés, cinq poursuivis en justice, 47 ont été victimes de menaces ou d'intimidations et 47 autres de pressions.

Le Mexique figure au deuxième rang du classement mondial du nombre des journalistes tués en 2009 établi par l'ONG Presse Emblème Campagne (PEC), dont le siège est à Genève, derrière les Philippines, où 31 d'entre eux ont été exécutés dans un massacre visant un candidat à des élections locales, et devant la Somalie.

Au Mexique, les journalistes font partie des «victimes collatérales» de la guerre sanglante entre les cartels pour le contrôle du trafic et de l'expédition de la drogue aux États-Unis, premier consommateur de cocaïne au monde.

Ces affrontements ont fait plus de 15 000 morts dans le pays depuis la prise de fonctions en décembre 2006 du président Felipe Calderon, qui a déclaré la guerre aux trafiquants avec l'aide des États-Unis. Il a déployé quelque 50 000 militaires en renfort de la police.