Laura Chinchilla, élue première femme présidente du Costa Rica dimanche, devra gouverner sans majorité au Parlement, selon des projections publiées lundi sur la base de 94% des bulletins de vote à l'élection législative qui s'est déroulée en même temps que la présidentielle.

Son prédécesseur, Oscar Arias, dont elle est l'héritière et l'ancienne vice-présidente, devait déjà recourir à des alliances au sein de l'assemblée monocamérale depuis le scrutin précédent, en 2006, faute de majorité absolue pour leur formation social-démocrate, le Parti de la libération nationale (PLN).

Mme Chinchilla, politologue de 50 ans, a largement remporté la présidentielle, avec 46,7% des suffrages selon les derniers pointages, devançant de plus de 20 points Otton Solis, le candidat de centre-gauche, et l'avocat de droite Otto Guevara.

Cette victoire ne s'est pas concrétisée au Parlement, où le PLN a reculé, perdant deux sièges à 23 sur 57, alors que la majorité simple est fixée à 29.

Au Parlement, le grand perdant est toutefois M. Solis. Son Parti d'action citoyenne (PAC, centre-gauche) perdrait cinq ou six de ses 17 sièges.

A l'inverse, le Mouvement libertaire (ML, droite) de Me Guevara afficherait le gain le plus important, passant de six à 10 élus.

Dimanche soir, Mme Chinchilla a affirmé sa volonté de «dialogue», dès que ses rivaux ont reconnu sa victoire avant même l'annonce des résultats complets. «Indépendamment du nombre de députés que nous aurons, le dialogue sera l'instrument permanent de l'exercice du pouvoir», a-t-elle affirmé.

Elle a également annoncé que son gouvernement comptera autant de femmes que d'hommes. Selon son parti, elle doit en partie son élection au vote féminin en sa faveur, supérieur de près de 10% à celui des hommes.

Elle a confirmé que la lutte contre la criminalité et le trafic de drogue serait au coeur de son action présidentielle, au même titre que la relance économique après la crise économique mondiale. Le PIB a reculé de 1,3% en 2009 au Costa Rica, qui a largement fondé sa prospérité sur l'afflux d'investissements étrangers.

La présidente s'est engagée à protéger l'environnement et les énergies durables, et à faire du Costa Rica «le premier pays développé» d'Amérique centrale.

Le Costa Rica, qui a décidé de ne plus avoir d'armée nationale après une guerre civile en 1948, demeure un îlot de paix et de prospérité dans une région au taux de criminalité élevé, secouée par le coup d'Etat du 28 juin au Honduras.

Il a toutefois découvert ces dernières années l'insécurité et la violence criminelle qui minent ses voisins.

Mme Chinchilla briguait la présidence pour la première fois. MM. Guevara et Solis en étaient à leur troisième tentative, après deux échecs, le dernier d'extrême justesse pour M. Solis qui a été battu de 1% seulement par M. Arias en 2006.

Le président sortant Oscar Arias, 69 ans, Prix Nobel de la Paix en 1987 pour son rôle dans l'arrêt des guerres civiles en Amérique centrale, ne pouvait briguer un second mandat consécutif, interdit par la Constitution, mais ses opposants jugent que Mme Chinchilla est sa «marionnette».