Le président du Salvador Mauricio Funes a demandé «pardon» au nom de l'État pour les «graves» violations des droits de l'Homme commises par les forces gouvernementales au cours de la guerre civile (1980-1992), qui a fait 75 000 morts dans ce pays d'Amérique centrale.

«Je reconnais que des agents qui appartenaient alors à des organismes de l'État, parmi lesquels les forces armées ou des corps de sécurité publique, mais aussi à d'autres organisations paragouvernementales, ont commis de graves violations des droits de l'Hommes et des abus de pouvoir», a déclaré le chef de l'État dans son discours à la nation pour le 18e anniversaire de la signature des accords de paix, qui ont mis fin à ce conflit.

Selon M. Funes, l'État est «responsable» pour avoir perpétré des exactions contre «des civils sans défense», mais aussi pour avoir fermé les yeux sur des massacres, des exécutions arbitraires ou des disparitions forcées.

«Pour tout ce qui s'est passé, je demande pardon au nom de l'État salvadorien», a ajouté cet ancien journaliste, élu en mars 2009 premier président de gauche du Salvador depuis la fin de la guerre civile, avec le soutien de l'ancienne guérilla d'extrême gauche transformée en parti politique.

M. Funes avait déjà demandé pardon publiquement au nom de la rébellion du Front Farabundo Marti de libération nationale (FMLN), finalement vaincue en 1992 avec l'appui des États-Unis. Son vice-président, Salvador Sanchez Ceren, ex-commandant du FMLN, avait également fait le même geste.

En novembre dernier, le ministre de la Défense, le général David Munguia, a lui aussi demandé «pardon» pour les «erreurs» qui avaient conduit l'armée à commettre des «violations des droits de l'Homme» pendant la guerre civile, une première depuis la fin du conflit.

Cela lui a valu d'être vertement critiqué par d'anciens chefs militaires, comme le général à la retraite Humberto Corado.

«Les forces armées n'ont rien fait d'autre que défendre le pays contre la tentative communiste de s'emparer du pouvoir, et c'était légitime», a déclaré cet ancien ministre de la Défense.