Vingt-six patients de l'Hôpital psychiatrique de La Havane sont morts cette semaine en raison du froid et de la négligence du personnel, a annoncé vendredi le gouvernement cubain qui a promis de punir les responsables de cette affaire égratignant l'image de son système de santé.

Les 26 décès sont «liés à la baisse des températures prolongée et à des facteurs de risques des patients» âgés et souffrant de maladies chroniques, selon un communiqué du ministère de la Santé lu à la télévision nationale.«Le ministère de la Santé a décidé de créer une commission d'enquête» alors qu'«ont été rapportées plusieurs déficiences concernant l'absence de mesures opportunes» pour venir en aide aux patients confrontés à des températures nocturnes de 4 degrés.

«Les principaux responsables de ces faits seront traduits en justice», a indiqué la télévision sans donner plus de détails sur les événements qui faisaient depuis quelques jours l'objet de rumeurs dans la population.

Face à la gravité de cette affaire qui serait sans précédent depuis la Révolution de 1959, le président Raul Castro s'est rendu vendredi à l'Hôpital psychiatrique de La Havane, à proximité de l'aéroport international, avec le ministre de la Santé José Ramon Balaguer et des responsables de la Sécurité d'Etat, selon des sources cubaines non confirmées.

La Commission cubaine pour les droits de l'Homme, une organisation dissidente illégale mais tolérée par le pouvoir, a affirmé que jamais depuis des décennies il n'y avait eu un tel nombre de «morts évitables» dans un hôpital cubain.

Alicia Medina, une infirmière retraitée de 71 ans qui a travaillé 18 ans à l'Hôpital psychiatrique de La Havane, le seul de la capitale, affirme que la soeur d'une amie âgée de 76 ans est décédée dans cet hôpital faute de soins appropriés.

«Une négligence incroyable! Les responsables doivent répondre de cette situation, être incarcérés, parce qu'ils n'ont pas pris de mesures, ils ne l'avaient pas bien couverte. Nous sommes choqués», a-t-elle dit à l'AFP.

Des médecins et infirmiers ont également affirmé, sous couvert de l'anonymat, que des employés de l'hôpital volaient de la nourriture destinée aux patients pour la revendre sur le marché noir ou nourrir leur propre famille.

Après avoir également mis en cause la «négligence criminelle» du personnel de l'hôpital, Elizardo Sanchez, porte-parole de la Commission des droits de l'Homme, s'est dit «préoccupé par les signes croissants de détérioration» du système de santé cubain.

L'éducation et la santé gratuites pour tous les Cubains sont les emblèmes de la Révolution même si ces dernières années, de l'aveu même des autorités, elles se sont détériorées en raison de graves difficultés économiques liées à 48 ans d'embargo américain et à des problèmes internes.

Malgré ses problèmes, l'île communiste n'en continue pas moins sa «mission internationaliste», formant gratuitement des médecins venus de tous les continents et dépêchant des milliers de «blouses blanches» dans des pays pauvres, notamment Haïti où se trouvaient au moment du séisme de mardi quelque 400 coopérants cubains.

De nombreux étrangers, notamment canadiens, viennent par ailleurs se faire soigner à Cuba, notamment pour les yeux.

L'Hôpital psychiatrique de La Havane, qui compte «2.500 lits» selon les autorités, avait été le théâtre en novembre dernier d'un spectacle inusité, «Le Chevalier de Paris», avec pour acteurs des patients dirigés par le metteur en scène français Serge Sandor.