Les autorités mexicaines ont frappé durement le cartel des frères Beltran Leyva, en faisant tomber deux d'entre eux ces dernières semaines, mais deux des cinq membres de cette fratrie qui contrôle 15% du trafic de drogue mexicain sont encore en cavale.

Il s'agit de Mario Alberto et Hector. Le gouvernement a offert une récompense de 2,3 millions de dollars (1,6 million d'euros) en échange de leur capture. La dernière arrestation en date est celle de Carlos Beltran Leyva, 40 ans. Mis en examen mercredi pour appartenance au crime organisé et blanchiment, il a été placé en détention préventive.

Il a été interpellé à Culiacan, capitale de l'État de Sinaloa (nord-ouest), berceau de cette famille et fief des cartels les plus puissants du Mexique, tenus responsables de 15 000 morts violentes depuis 2006, malgré le déploiement de 50 000 policiers et militaires à travers le pays.

L'arrestation de Carlos «est un coup porté à cette organisation, mais les coups les plus durs furent la capture d'Alfredo Beltran (début 2008) et la mort d'Arturo, le chef des chefs», troisième homme le plus recherché du pays, abattu le 16 décembre lors d'une opération militaire, estime l'analyste Samuel Gonzalez, ancien chef de l'unité du parquet luttant contre le crime organisé.

Les experts divergent sur l'identité du successeur d'Arturo.

Selon le quotidien El Universal, citant lundi un rapport de la police fédérale non confirmé, il s'agirait de l'un des deux frères en fuite, Hector.

Mais le chef des tueurs à gages de l'organisation, Edgar Valdez, dit «La Barbie», briguerait aussi le poste, selon d'autres analystes.

Quoi qu'il arrive, l'affaiblissement du cartel des frères Beltran Leyva n'a qu'un impact limité sur le trafic de drogue au Mexique.

Le groupe, qui a gagné 6 milliards de dollars entre 1990 et 2008 en exportant de la drogue aux États-Unis, selon les autorités des deux pays, ne contrôle que 15% du marché mexicain.

Certains experts appellent le gouvernement à s'attaquer au cartel de Sinaloa, dont les frères Beltran ont fait sécession en janvier 2008, après l'arrestation d'Alfredo.

Cette organisation est dirigée par Joaquin «Chapo» Guzman, évadé d'un pénitencier mexicain en 2001 et qui vient d'entrer dans la liste des milliardaires en dollars publiée par le magazine américain Forbes.

«Il faut donner en même temps des coups au cartel du «chapo» Guzman car si l'on frappe seulement les Beltran, cela pourrait faire baisser la violence (...) mais cela permettrait au cartel de Sinaloa de s'arroger le monopole du trafic de cocaïne, de méta-amphétamine et d'héroïne», estime Raul Benitez Manaut, chercheur à l'Université nationale autonome de Mexico, dans le journal La Reforma.

Lutter contre la corruption est un autre axe essentiel de la lutte.

En octobre 2008, le parquet fédéral avait lancé une opération mains propres qui avait permis d'arrêter sept hauts fonctionnaires, après avoir révélé que les frères Beltran Leyva versaient à certains de 150 000 à 450 000 dollars par mois pour s'assurer leur appui.

Mais cette opération «n'a pas détruit les réseaux d'infiltration mis en place au sein des forces de l'ordre mexicaines: le cartel de Sinaloa possède à lui seul environ 400 agents infiltrés dans ces institutions», souligne Samuel Gonzalez.

Et il relève que l'opération qui a conduit à la mort d'Arturo Beltran avait été confiée à des éléments de la marine de guerre, considérée comme le corps armé le moins infiltré par le crime organisé.